DETTE : la prochaine crise de la dette sera chinoise
Par Théo de Beublain
La situation financière de la Chine devient de plus en plus inquiétante. La Chine, qui a connu une croissance de 7% au premier semestre, voit son niveau d’endettement explosé depuis 2008. Lors des 15 dernières années, la croissance de l’endettement chinois a été trois fois supérieure au rythme de croissance de son économie.
Estimation produite par le FMI de la dette publique chinoise
Evolution de la dette des ménages et des entreprises chinoises.
La hausse de l’endettement chinois provient de la mise en place de plans de sauvetage en 2009 pour contrebalancer les effets de l’effondrement du commerce international. En effet, la priorité du gouvernement reste la stabilisation de la croissance, il n’hésite donc pas à utiliser l’endettement pour limiter les défauts de banques et entreprises, ainsi que pour éviter les crises financières. La majorité des prêts et emprunts sont d’ailleurs opérés par des banques et entreprises étatiques.
Lors des plans de sauvetage, les banques ont accru très fortement leurs prêts vers l’immobilier, la construction, les infrastructures et les collectivités locales. Le gouvernement a desserré sa politique monétaire en opérant une baisse des taux directeurs et une diminution des taux de réserves obligatoires. Lorsqu’en 2010 le gouvernement a décidé de resserrer sa politique monétaire, c’est le développement inédit du « Shadow Banking » en Chine qui a soutenu l’endettement. La taille de ce réseau atteindrait aujourd’hui 40% du PIB chinois d’après Standard&Poors, ce qui contribue à l’instabilité financière.
L’augmentation de la dette privée provient essentiellement des entreprises. L’endettement de ces dernières atteint 125%, soit l’un des niveaux d’endettement entrepreneurial les plus élevés au monde.
L’explosion de la dette a tout d’abord alimenté une bulle immobilière gargantuesque dans le secteur de la construction. L’Etat chinois a depuis résolu partiellement cette bulle, laissant des milliers de bâtiments inutilisés. Depuis, le phénomène de bulle s’est déplacé sur les marchés actions notamment avec la croissance du trading sur marge : on estime que 10% des actions cotées à Shanghai et Shenzhen sont achetées à crédit. Lorsque le gouvernement a récemment essayé de limiter le trading avec effet de levier, les bourses ont devisées, perdant en l’espace de 3 semaines 35% de leur capitalisation. Le gouvernement a donc à nouveau assoupli les conditions d’endettement, laissant filer une fois de plus la dette…