Les banques centrales à l’affût et prêtes à réagir

La Banque centrale du Japon et la Fed ont opéré cette semaine un statu quo dans leur politique monétaire respective. Une mesure attentiste légitimée notamment par l’inconnu qui règne actuellement en Grande-Bretagne. Ces banques centrales ainsi que la BCE travaillent d’ailleurs conjointement à la mise en place de mesures d’urgence. L’une d’elle consisterait dans l’injection massive sur le marché de dollars afin de se prémunir d’un possible plongeon de la livre sterling en « offrant un filet de sécurité pour contenir cette incertitude ». La présidente de la FED, Janet Yellen ne cache d’ailleurs pas son inquiétude et estime qu’un Brexit affecterait inévitablement l’économie mondiale. Selon une source de la banque centrale américaine, la Fed pourrait même aller jusqu’à fournir des dollars aux marchés européens si la nécessité s’en faisait ressentir.
 
La Banque d’Angleterre s’inquiète également et légitimement de l’issue de ce référendum. Les neufs membres du comité de politique monétaire ont été informés lors de leur réunion mensuelle que la Banque d’Angleterre allait prendre des mesures conservatoires à l’occasion du scrutin du 23 juin prochain. Cela se manifestera par une surveillance renforcée des banques pour assurer un accès suffisant à la liquidité pour ces dernières comme elle l’explique : « Pour l’avenir, une incertitude accrue et prolongée pourrait augmenter les primes de risque exigées par les investisseurs sur une gamme plus large d’actifs britanniques, ce qui pourrait conduire à une nouvelle dépréciation de la livre sterling et affecter le coût et la disponibilité des financements pour une part importante des emprunteurs britanniques ». 



Le mode « risk-off » est re-activé

Le graphique ci-dessous présente concrètement le déclin depuis quelques semaines de la livre sterling face aux autres devises majeures : Euro, Dollar, Franc Suisse et Yen. 


Variation de la livre sterling (GBP) sur 3 mois


Les investisseurs se détournent actuellement des actifs à risque au profit des valeurs refuges comme le Yen ou le Franc Suisse pour cause de turbulence sur les marchés. Ces devises sont effectivement au plus haut face à diverses monnaies,  à titre d’exemple, le Franc suisse revient sur ses niveaux de janvier 2015 face à l’euro (voir graphique ci-dessous). Nous pouvons également noter que l’or se situe proche de ses plus hauts annuels autour des 1300 USD tout comme l’argent qui s’échange actuellement à près de 17.5 USD.



Variation de la paire de devise CHF/EUR


Le risque baissier à terme reste réel et bien présent sur le GBP

La monnaie britannique est dorénavant en décorrélation totale avec ses fondamentaux macroéconomiques habituels (inflation, balance commerciale, climat des affaires, production…) au profit des annonces ressortant des sondages et autres estimations de bookmakers. Chaque nouvelle poussée annonciatrice d’un Brexit entraine immédiatement des pressions vendeuses sur la livre sterling. La volatilité y est d’autant plus exacerbée que nombre d’intermédiaires financiers ont augmenté les marges requises pour prendre position sur cette devise, diminuant de facto la liquidité.

La volatilité intraday est conséquente et devrait rester élevée comme l’atteste le bond des primes d’options sur les parités en GBP. Une sortie de l’Union européenne aurait des conséquences importantes sur la livre sterling et par répercussion sur l’euro. Ces devises seront donc à surveiller très attentivement durant les séances à venir. Pour les investisseurs les moins aguerris, la spéculation est telle sur le GBP que la bienséance privilégierait de rester à l’écart de ce marché. Les risques de gaps, d’augmentation des marges requises, de slippage, de hausse des spreads et autres stops non garantis y seraient trop grands !