* Accord de principe prévisible sur les réformes

* Points techniques à régler avant tout versement

* Bruxelles et FMI divergent toujours sur l'allègement de la dette

par Jan Strupczewski et Francesco Guarascio

BRUXELLES, 24 mai (Reuters) - Les ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe) donneront sans doute mardi leur accord de principe aux réformes engagées par la Grèce afin de débloquer de nouveaux prêts mais ils semblent loin de vouloir s'engager dans une procédure d'allègement de la dette que le Fonds monétaire international (FMI) appelle de ses voeux.

De hauts fonctionnaires de la zone euro ont dit que la Grèce avait mis en oeuvre toutes les réformes économiques requises pour recevoir de nouveaux fonds, encore qu'un accord définitif dépendra de "corrections techniques" sur certains aspects du droit local.

C'est pourquoi les ministres demanderont sans doute à leurs collaborateurs de superviser ces amendements dans les jours qui viennent avant de donner leur feu vert définitif.

"J'anticipe un accord de principe sur la Grèce, subordonné à quelques révisions techniques, dans les deux semaines qui viennent", a dit à la presse le ministre des Finances irlandais Michael Noonan.

Le montant de la prochaine tranche de prêt débloquée n'a pas été décidé, les propositions variant de huit à 12 milliards d'euros, ont ajouté les hauts fonctionnaires.

"Le plus important, c'est de conclure la revue et de se mettre d'accord sur la tranche à allouer à la Grèce afin de lui donner un peu d'air; pas question d'une nouvelle crise de la liquidité", a déclaré le ministre des Finances slovaque Peter Kazimir.

La Grèce a besoin d'un nouvel apport d'argent frais d'ici la mi-juillet pour éviter un défaut de paiement vis-à-vis du FMI et de la Banque centrale européenne (BCE).

Le service de la dette grecque deviendra progressivement de plus en plus lourd et c'est pourquoi les ministres sont également censés discuter d'un allègement de la dette, dont l'essentiel est détenu par le fonds de renflouement de la zone euro.

Mais il est peu probable qu'ils parviennent à quelque chose qui aille au-delà d'une simple "feuille de route", a dit un haut fonctionnaire.

Un groupe de pays emmené par l'Allemagne, où la question de l'aide à la Grèce induit une lourde charge politique, estime que tout engagement ferme pris à propos de la dette que la Grèce n'aura à rembourser à la zone euro qu'à partir de 2023 suffirait à la dissuader de poursuivre les réformes.

LE DILEMME DE L'ALLÉGEMENT DE LA DETTE

Le FMI, qui n'a pas encore apposé sa signature sur l'actuel plan d'aide à la Grèce, insiste sur le fait que le pays à besoin de souffler et que des décisions contraignantes en matière d'allègement de la dette doivent être prises avant que le plan d'aide n'arrive à expiration en 2018.

Dans un rapport présenté à la veille de la réunion de l'Eurogroupe, le FMI voit, dans un tel allègement "sans conditions", un "signal fort et crédible envoyé aux marchés quant à l'engagement des bailleurs de fonds à assurer une gestion durable de la dette, ce qui en soi pourrait contribuer à abaisser les coûts de financement sur les marchés".

Berlin pense au contraire que des discussions en profondeur sur cette question peuvent attendre et doivent être subordonnées aux progrès réalisés par la Grèce en matière de réformes et aux performances économiques.

Le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble a dit à la presse qu'il ne voulait prendre aucun engagement après 2017, année des élections législatives en Allemagne.

"Nous prendrons les décisions en temps opportun. J'en ai la compétence légitime pour l'heure et en 2018 elle sera attribuée à ceux que le peuple allemand aura choisis en 2017", a-t-il déclaré.

L'Eurogroupe avait proposé le 9 mai dernier d'étudier le principe d'un allègement de la dette à partir de 2018, pour autant que la Grèce ait réalisé d'ici là toutes les réformes promises.

De hauts responsables de la zone euro ont observé mardi que le projet d'accord portant sur des mesures afférentes à la dette reprendrait peu ou prou cette ligne de pensée.

"Nous pensons que le résultat en sera une feuille de route sur des mesures et conditions préalables potentielles", a dit l'un d'eux.

Pour faciliter un accord sur la Grèce, le président du Conseil européen Donald Tusk a rencontré mardi le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, le président de la BCE Mario Draghi et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

"Je suis raisonnablement optimiste. Une issue positive pour la zone euro et satisfaisante pour la Grèce est envisageable", a déclaré un haut fonctionnaire de la zone euro.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)