Alors que le gouvernement a confirmé qu’il déclenchera la procédure de sortie de l’Union européenne dès le 29 mars prochain, les risques économiques pour le Royaume-Uni pourraient rapidement s’accentuer.

David Davis, le ministre chargé du Brexit, avait préalablement appelé les parlementaires à ne pas « lier les mains » de Theresa May alors que les Lords réclamaient un engagement sur la protection des droits des Européens vivant sur le sol britannique et la tenue d’un « vote significatif » sur l’accord final.

Mais après que ces deux amendements de la Chambre des Lords ont été rejetés par les députés des Communes, le Parlement a finalement adopté sans condition le texte de loi permettant à Theresa May d’activer l’article 50 du Traité de Lisbonne et d’entamer les négociations avec l’UE.

Tandis que vont désormais s’ouvrir d’intenses tractations qui pourraient durer au moins deux années et créer de nombreuses incertitudes quant à l’avenir de l’économie britannique, deux risques majeurs menacent déjà le pays.

D’une part, Nicola Sturgeon, Première ministre écossaise, n’a pas attendu l’issue du vote pour annoncer qu’elle allait demander un nouveau référendum sur l’indépendance. Si le premier avait échoué le 18 septembre 2014 (55% contre, 45% pour), la forte appartenance du peuple écossais à l’Europe, lequel a massivement voté contre le Brexit en juin dernier, pourrait inverser la tendance et amputer le Royaume-Uni de 10% de son PIB. Dans la foulée, l’Irlande du Nord, également europhile, pourrait être tenté de lui emboiter le pas.

D’autre part, la chute de la Livre complique la stabilité des prix et créent des débats au sein de la Banque d’Angleterre. Pour la première fois en quatorze mois, l’un des membres du comité, Kristin Forbes, a même voté en faveur d’une hausse de taux à l’occasion de la dernière réunion de politique monétaire de l’institution. La dernière mesure de l’inflation, publiée quelques jours plus tard, montre en effet une forte hausse des prix à la consommation au mois de février alors qu’ils progressent de +2.3% sur un an, au-dessus de la cible de 2% de la BoE pour la première fois en trois ans.
La flambée des prix impacte directement la consommation des ménages et la bonne tenue de la croissance britannique va dépendre du comportement des exportateurs, prévient Ben Broadbent, vice-gouverneur de la banque centrale.

Alors que le recul du Sterling améliore leur compétitivité et contribue à gonfler leurs bénéfices, ils vont avoir le choix entre une position attentiste d’un côté et investir rapidement dans l’augmentation de leurs capacités de production de l’autre, un choix qui sera avant tout motivé par l’état de leur confiance dans la capacité du gouvernement à négocier de nouvelles relations commerciales avantageuses avec leurs partenaires internationaux.

Graphiquement, la Livre se stabilise après une dégringolade de près de 20% depuis le référendum de juin dernier. Coincée entre 1.20 et 1.28 USD depuis début octobre, la volatilité des cours pourrait s’exacerber au fil des discussions entre Londres et Bruxelles et le moindre signal haussier pourrait nous offrir une nouvelle opportunité de contre.