WASHINGTON, 18 avril (Reuters) - Le plan de réduction du déficit public français pose un problème légal au regard des objectifs fixés par les ministres des Finances de l'Union européenne, mais la croissance économique et l'objectif nominal de déficit est plus important au bout du compte, déclare le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Pierre Moscovici.

Ses déclarations, dans une interview à Reuters, traduisent une certaine volonté d'accommodement avec le nouveau plan de réduction du déficit français, même si ce plan n'est pas parfaitement conforme aux recommandations des ministres des Finances de l'UE.

Les pays de l'UE doivent maintenir leurs déficits budgétaires nominaux sous la barre des 3%. Si ce niveau est dépassé, les ministres des Finances de l'UE fixent une orientation pour le réduire. Ignorer la recommandation des ministres peut entraîner, à terme, des pénalités pour le pays en infraction avec la règle communautaire.

Le gouvernement français prévoit quatre milliards d'euros de réduction supplémentaire de son déficit public en 2015 et cinq milliards d'euros d'économies supplémentaires en 2016, comme l'a annoncé mercredi dernier le ministère des Finances.

Les mesures pour 2015 permettront de réduire le déficit structurel de la France - calculé pour gommer l'impact de la conjoncture économique - de 0,5 point cette année, conformément à la recommandation de la Commission européenne.

La France, dont le déficit dépasse le plafond depuis 2008, a par ailleurs annoncé qu'elle réduirait de 0,5 point son déficit structurel en 2016 et en 2017, alors que la Commission lui avait recommandé une réduction de 0,8 point en 2016 et 0,9 point en 2017.

Paris dit ne pas pouvoir réduire le déficit structurel de plus de 0,5 point par an, car aller au-delà nuirait à la croissance économique.

"Il y a un problème légal, certainement, mais il y a aussi un problème économique", a dit Pierre Moscovici dans l'interview à Reuters. "L'Europe a vocation à créer davantage d'emplois et de croissance, et rien ne doit être fait qui gêne la reprise".

"L'objectif nominal est plus important au bout du compte. Cela ne signifie pas que l'effort structurel peut être négligé. Cela signifie que l'effort structurel est le plus important si les objectifs nominaux ne peuvent pas être tenus", a-t-il ajouté.

Pierre Moscovici a également souligné que les recommandations des ministres des Finances de l'UE à la France avaient été formulées alors que l'on s'attendait à ce que le déficit budgétaire nominal de la France soit de 4,3% pour 2014. Cependant, le déficit semble avoir été ramené à 4,0%.

"Nous devons être rigoureux, mais pas rigide. Nous devons reconnaître que le point de départ, l'exercice 2014, n'est pas ce qui a été prévu par la Commission européenne, c'est mieux", a-t-il dit. (Jan Strupczewski; Eric Faye pour le service français)