(Actualisé avec précisions, § 3-5-7)

par Emma Pinedo et Rodrigo De Miguel

MADRID, 26 novembre (Reuters) - La ministre espagnole de la Santé, Ana Mato, a annoncé mercredi sa démission après l'inculpation de son ex-époux dans une affaire de corruption impliquant le Parti populaire (PP), au pouvoir.

Dans un communiqué, elle explique sa décision par le souci de ne pas entraver l'action du gouvernement de Mariano Rajoy et ajoute n'avoir aucune connaissance des délits imputés à son ex-mari, Jesus Sepulveda.

Contrairement à son ex-mari, ancien maire PP de Pozuelo de Alarcon, dans la banlieue de Madrid, soupçonné d'avoir perçu 500.000 euros de commissions occultes, Ana Mato n'a pas été inculpée mais le juge Pablo Ruz, de l'Audience nationale, pense qu'elle a bénéficié indirectement du réseau de corruption et la désigne dans son ordonnance de renvoi comme "bénéficiaire présumée" de crimes de corruption présumés.

Dans cette ordonnance rendue publique quelques heures avant la démission de la ministre, le magistrat instructeur dit vouloir l'entendre pour déterminer notamment si elle connaissait la provenance de cadeaux reçus par sa famille à l'époque où elle était mariée avec Jesus Sepulveda. Parmi ces cadeaux suspects figurent des séjours offerts dans des hôtels, des locations de voitures et des produits de luxe.

"J'ai décidé de présenter ma démission du poste de ministre de la Santé, des Services sociaux et de l'Egalité. Je ne veux en aucun cas que cette affaire puisse être utilisée pour porter atteinte au gouvernement espagnol, à son président et au Parti populaire", écrit Ana Mato dans un communiqué.

La ministre avait déjà été fragilisée par les critiques portées début octobre contre sa gestion du premier cas de "contamination autonome" du virus Ebola en Espagne sur la personne d'une infirmière d'un hôpital de Madrid.

Ex-responsable de la campagne électorale qui a conduit Rajoy à la victoire, en 2011, elle est la deuxième ministre à démissionner en deux mois après le départ d'Alberto Ruiz-Gallardon, désavoué par le président du gouvernement sur son projet de loi qui aurait limité le droit à l'interruption volontaire de grossesse (voir )

Baptisée affaire Gürtel, l'enquête instruite par le juge Pablo Ruz, qui a éclaté en 2009, a permis de mettre au jour une série de rétrocommissions versées à des responsables politiques du Parti populaire dans le cadre de marchés publics.

D'après les instituts de sondage, la corruption est, après le chômage, la deuxième source de préoccupation principale des Espagnols. Et le rejet de la classe politique traditionnelle qu'elle entraîne explique en grande partie l'essor du parti de gauche Podemos, nouveau venu qui a attiré 8% des voix aux élections européennes de mai deux mois seulement après sa fondation. (Henri-Pierre André pour le service français)