(Actualisé avec décompte global, précisions)

par Emily Stephenson et Scott Malone

WASHINGTON, 22 janvier (Reuters) - Les femmes ont défilé en masse samedi à Washington et dans les grandes villes américaines pour protester contre Donald Trump et ses propos machistes et sexistes, au lendemain de l'investiture du magnat de l'immobilier à la présidence des Etats-Unis.

Aux Etats-Unis et ailleurs, la Marche des femmes a rassemblé des opposants de tout bord à Donald Trump dans des défilés rassemblant au total près de cinq millions de personnes.

Des centaines de milliers de manifestantes - et manifestants - ont marché sur le National Mall dans le centre de Washington et dans les rues de New York, Los Angeles, Chicago ou Boston.

A Washington, les organisateurs espéraient 200.000 personnes pour ce rassemblement qui était le point d'orgue des manifestations ayant entouré l'investiture de Trump, mais le pari semble avoir été largement dépassé, au vu de la longueur du cortège qui s'étirait sur plus de 1,5 km. Plus d'un million de personnes auraient défilé selon les organisateurs.

A Chicago, les organisateurs ont dû renoncer à faire défiler la foule, trop importante, optant finalement pour un simple rassemblement. La police a décompté plus de 125.000 personnes (200.000 selon les organisateurs).

A Los Angeles, plus d'un demi-million de personnes ont défilé selon les autorités (750.000 selon les organisateurs), tandis qu'à New York, le maire Bill de Blasio a recensé 400.000 participants à la marche vers la Trump Tower (600.000 selon les organisateurs).

Toutes ces manifestations soulignent l'ampleur de la colère dans un pays profondément divisé par la virulence de la campagne électorale qui a abouti à la victoire surprise de Donald Trump face à la démocrate Hillary Clinton, qui entendait devenir la première femme élue à la présidence des Etats-Unis.

670 MARCHES "SOEURS"

Les parrains des 670 marches "soeurs" organisées dans le monde entier pour faire écho au défilé de Washington estiment à plus de 4,6 millions le nombre global de participants, un chiffre que Reuters n'a pu vérifier de manière indépendante.

Outre les Etats-Unis, des manifestations ont eu lieu notamment à Paris, à Londres, à Berlin ou encore à Rome et à Genève mais aussi à Nairobi ou Tokyo.

"C'est simple, tout ce que Trump veut faire nous dérange", a déclaré une manifestante, Bonnie Norton, 35 ans, venue avec son compagnon et leur fille de 19 mois.

Donald Trump a entamé sa première journée de président par un tweet - "C'est un honneur te servir, toi grand peuple américain, en tant que 45e président des Etats-Unis" -, sans mentionner les manifestations.

Mais il a en revanche réagi aux articles qui ont comparé l'audience venue assister à son investiture et les foules pro-Obama de 2009 et 2013, sensiblement supérieures selon des photographies aériennes.

"J'ai fait un discours, j'ai regardé devant moi, la place était, on aurait dit qu'il y avait un million, un million et demi de personnes", a-t-il déclaré lors de sa visite à la CIA.

Samedi, à 11h00 (16h00 GMT), la compagnie de métro faisait pourtant état d'un trafic de 275.000 passagers et passagères déjà pris en charge, contre 193.000 à la même heure la veille, jour de l'investiture de Trump.

Dans la capitale fédérale américaine, un important service d'ordre avait été prévu pour éviter des incidents similaires à ceux qui ont éclaté vendredi en marge de manifestations anti-Trump, avec vitrines brisées, voitures vandalisées et affrontements avec les forces de l'ordre qui ont procédé à plus de 200 interpellations. Mais la marche s'est déroulée dans le calme.

CONTRE UN "IRRESPECT FLAGRANT"

Imaginée par une grand-mère hawaïenne, Teresa Shook, cette Marche des femmes se voulait un exutoire pour que les femmes et les hommes qui se considèrent féministes puissent exprimer leur malaise à l'entame du mandat d'un homme dont les dérapages sexistes ont émaillé son ascension vers la Maison blanche.

Whitney Jordan, 28 ans, qui travaille dans un magasin de New York, était venue à Washington dans un car affrété par l'association Planned Parenthood, une des principales organisations de planification familiale qui soutient fortement la Marche des femmes.

"Il y a beaucoup de choses: protester contre l'administration qui s'installe et contre l'irrespect flagrant à l'égard des femmes et des gens de couleur", a-t-elle dit.

Une initiative intitulée "Pussyhat" invitait les manifestantes à se tricoter des chapeaux de maille rose avec des oreilles de chat (le terme "pussy" en anglais désigne un chat mais aussi de manière vulgaire le sexe féminin).

Révélés en septembre dernier par le Washington Post, les propos du futur président enregistrés en 2005 lors d'une conversation avec un présentateur de télévision, dans laquelle il se vantait d'"attraper les femmes par la chatte" et d'en "faire tout ce qu'on veut", ont suscité l'effroi.

Au rang des célébrités, les chanteuses Madonna, Katy Perry et Janelle Monae étaient présentes sur le National Mall.

Au total, des dizaines d'organisations et de collectifs féministes, LGBT ou autres se sont investis dans cette Marche des femmes de Washington. (avec Ginger Gibson; Henri-Pierre André et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)