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PARIS, 28 mai (Reuters) - Une délégation nord-coréenne de spécialistes en têtes nucléaires et en missiles balistiques a visité un site militaire près de Téhéran en avril, rapporte jeudi un groupe d'opposants iraniens en exil, sur fond de discussions sur le nucléaire iranien.

L'équipe de sept experts a été emmenée dans le plus grand secret dans le complexe de l'Imam Khomenei, contrôlé par le ministère iranien de la Défense, dans l'est de la province de Téhéran, la dernière semaine d'avril, indique le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), citant des sources présentes en Iran, y compris au sein des Gardiens de la révolution.

Il s'agit de la troisième visite d'une délégation nord-coréenne de ce type en Iran depuis le début de l'année. Une délégation de neuf experts devrait revenir en juin, ajoute le CNRI, basé à Paris.

"Téhéran n'a montré aucun intérêt à renoncer aux armes nucléaires, le programme de nucléarisation se poursuit et ils n'ont pas ralenti le processus", estime le porte-parole du CNRI Shahin Gobadi.

Reuters n'était pas en mesure de vérifier ces informations de manière indépendante.

Le Conseil de sécurité de l'Onu a adopté ces dernières années une série de sanctions contre la Corée du Nord qui a mené trois essais nucléaires en 2006, 2009 et 2013.

Le panel d'experts de l'Onu chargé de surveiller le respect des sanctions prises contre Pyongyang a fait état par le passé d'échanges réguliers entre Pyongyang et Téhéran sur la technologie de missiles balistiques, en violation des sanctions onusiennes.

L'ambassade d'Iran à Paris a démenti l'information.

A Washington, le département d'Etat a dit examiner ces affirmations, sans pouvoir les confirmer.

"Ces allégations, nous les prenons au sérieux", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie américaine Jeff Rathke. "Nous n'avons pas pu les vérifier pour l'instant".

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui enquête depuis des années sur une possible dimension militaire du programme nucléaire iranien, n'a pas souhaité faire de commentaires.

Contactés par Reuters, des responsables iraniens ont décliné tout commentaire. Plusieurs responsables occidentaux ont indiqué ne pas avoir connaissance d'un déplacement d'une délégation nord-coréenne en Iran récemment.

Aucun responsable nord-coréen n'était disponible pour commenter ces informations.

Les analystes estiment que le CNRI, qui a révélé en 2002 l'existence des sites nucléaires secrets iraniens de Natanz et d'Arak, a son propre agenda politique.

Cette information survient à l'heure où le groupe des grandes puissances 5+ 1 et l'Iran tentent de trouver un accord définitif réglant la crise du nucléaire iranien, dans la foulée de l'accord-cadre trouvé le 2 avril.

"Ce genre d'information inventée est publié alors que nous nous rapprochons de la dernière étape des négociations et aussi parce qu'il y a une probabilité importante que nous parvenions à un accord définitif", a déclaré un diplomate iranien basé à Paris non identifié, selon le site internet d'Etat iranien Irib. (John Irish, avec Louis Charbonneau aux Nations unies, Parisa Hafezi à Ankara; James Pearson à Séoul et Arshad Mohammed à Washington; Marine Pennetier et Danielle Rouquié pour le service français)