(Nouveau bilan, déclaration du Premier ministre portugais)

par Andrei Khalip et Raquel Castillo

LISBONNE, 16 octobre (Reuters) - Au moins 39 personnes sont mortes dimanche et lundi dans les incendies qui font rage actuellement au Portugal et dans le nord de l'Espagne, rapportent les autorités.

Le Portugal, qui se remet à peine des feux de forêt les plus meurtriers de son histoire - 64 morts en juin dernier -, porte le plus lourd fardeau avec 36 morts et 63 blessés, un bilan qui pourrait encore s'alourdir.

Les pompiers luttent contre une cinquantaine d'incendies au Portugal et une cinquantaine d'incendies en Galice, dans le nord de l'Espagne, où les trois autres décès ont été recensés.

Le gouvernement portugais a lancé un appel à l'aide internationale et déclaré un état d'urgence dans toutes les régions situées au nord du Tage, soit la moitié du territoire portugais continental.

"Nous faisons face à de nouvelles conditions climatiques", a déclaré la ministre portugaise de l'Intérieur, Constança Urbano de Sousa. "Dans cette ère de changement climatique, de telles catastrophes sont devenues une réalité à travers le monde", a-t-elle ajouté, prenant l'exemple des feux meurtriers en Californie.

Les flammes, attisées par les vents violents soufflant dans le sillage de la tempête tropicale Ophelia, ont dévasté des terres particulièrement sèches après un été très chaud.

Certains incendies ont été déclenchés par des pyromanes, ont déclaré les autorités des deux pays.

La majeure partie des incendies qui sévissent en Galice sont d'origine criminelle, a déclaré le chef du gouvernement régional, Alberto Nunez Feijoo, dans une interview à la radio.

LE GOUVERNEMENT PORTUGAIS CRITIQUÉ

L'épaisse fumée affecte la visibilité et freine l'action des bombardiers d'eau. De la pluie est cependant attendue lundi et mardi, ce qui devrait faciliter le travail des secours.

Le gouvernement de Lisbonne a été critiqué pour la lenteur et l'inefficacité de sa réponse. Le manque de politique de prévention des incendies est également pointé du doigt.

Le Premier ministre, Antonio Costa, a néanmoins refusé de limoger sa ministre de l'Intérieur et a défendu l'action de son gouvernement.

"Nous sommes confrontés à un problème structurel. Ce n'est pas le moment de démissionner mais de trouver des solutions. Tout cela doit déboucher sur des réformes, pour apporter les réponses dont le pays a besoin pour que les choses ne restent pas en l'état", a-t-il déclaré.

"Nous sommes conscients que le pays attend des résultats et nous menons une course contre la montre après des décennies de négligence", a ajouté Antonio Costa.

Les incendies au Portugal représentent 40% environ de la surface incendiée cette année dans l'Union européenne, alors que le pays ne représente que 2,1% de la superficie totale de l'UE. Cette proportion est proche sur une période plus longue, puisque 36% de la surface incendiée dans l'UE entre 2008 et 2016 se trouvait sur le territoire portugais. (Eric Faye, Jean-Stéphane Brosse et Tangi Salaün pour le service français)