* Fin du boycott de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem

* Les derniers portiques de sécurité ont été ôtés par Israël

* La police israélienne est intervenue pour disperser la foule (Edité avec nombre de blessés, slogan, drapeaux, commentaire de la Ligue arabe, réaction de Naftali Bennett)

par Luke Baker et Ali Sawafta

JERUSALEM, 27 juillet (Reuters) - Des milliers de musulmans sont revenus prier jeudi sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem après le retrait des derniers dispositifs de sécurité installés par Israël, dont la mise en place avait suscité dix jours de très forte tension.

La ruée des fidèles vers la mosquée al Aksa a donné lieu à des scènes chaotiques et les forces de l'ordre israéliennes ont tenté de reprendre le contrôle de la situation à l'aide de grenades assourdissantes, blessant au moins 113 Palestiniens.

"Nous nous sacrifierons pour Al Aksa!" a crié la foule en s'engouffrant sur l'esplanade, troisième lieu saint de l'islam.

Plusieurs jeunes gens ont grimpé sur le toit de la mosquée pour y hisser des drapeaux palestiniens, rapidement saisis par la police israélienne.

Les autorités musulmanes de Jérusalem s'étaient auparavant déclarées satisfaites du retrait des dispositifs de sécurité sur l'esplanade, que les juifs nomment mont du Temple, et avaient appelé les fidèles à y revenir prier.

Leur décision a été annoncée après publication d'un rapport du Waqf, l'organisme qui administre les sites religieux musulmans de Jérusalem.

"Le rapport technique a montré que tous les obstacles que les occupants (Israël) avaient installés aux abords de la mosquée Al Aksa ont été retirés", a déclaré le chef du Waqf, Abdelazim Salhab.

Les autorités israéliennes avaient installé des portiques de détection, des caméras et des barrières métalliques pour les musulmans aux entrées du complexe après la mort de deux policiers israéliens tués à l'arme blanche par des Arabes israéliens le 14 juillet.

Ces détecteurs de métaux avaient suscité la colère des Palestiniens et débouché sur des violences à Jérusalem-Est et en Cisjordanie.

Les forces israéliennes ont tué par balles quatre Palestiniens dans les affrontements qui ont suivi, et un Palestinien a tué à l'arme blanche en Cisjordanie trois Israéliens.

EFFORTS DIPLOMATIQUES

La majeure partie des musulmans ont évité de pénétrer sur l'esplanade des Mosquées au cours des deux dernières semaines, préférant prier dans les rues dans le secteur de la vieille ville.

La décision d'Israël de retirer les dispositifs de sécurité est intervenue après plusieurs jours d'efforts diplomatiques engagés par les Nations unies, après la visite d'un émissaire de Donald Trump et de pressions de pays de la région, comme la Jordanie et la Turquie.

Les autorités jordaniennes ont estimé jeudi que le retrait des dispositifs de sécurité allait permettre un apaisement des tensions entre Israéliens et Palestiniens.

Le porte-parole du gouvernement jordanien, Mohammad al Momani, a dit par ailleurs que le démantèlement de ces dispositifs était "une mesure nécessaire à la préservation de la situation juridique et historique" à Jérusalem.

"Israël, en tant que force d'occupation, ne peut pas imposer de mesure susceptible d'altérer cette situation", a dit le porte-parole à l'agence de presse jordanienne Petra.

La tension demeure cependant entre Israël et la Jordanie après le rapatriement en Israël d'un garde israélien qui a tué deux Jordaniens dimanche soir. Il était protégé par son immunité diplomatique et il a reçu un accueil chaleureux à son retour, l'Etat hébreu estimant qu'il avait agi en état de légitime défense.

Israël s'est emparé de Jérusalem-Est en 1967 avant de l'annexer en la déclarant appartenir à sa "capitale indivisible". Mais cette mesure n'a jamais été reconnue par la communauté internationale qui considère que le statut de la ville ne peut être déterminé que par des négociations.

La Ligue arabe a estimé qu'Israël devrait tirer les leçons de la crise de ces derniers jours.

Le secrétaire général de la Ligue, Aboul Gheit, a déclaré que "traiter les lieux saints musulmans avec une telle imprudence risque réellement de déclencher une guerre religieuse, car aucun musulman au monde n'acceptera qu'Al Aksa soit salie, ou fermée ou placée sous le contrôle d'Israël".

Le ministre israélien de l'Education Naftali Bennett, du parti d'extrême droite le Foyer juif, a au contraire regretté l'issue de cette crise, dont Israël est selon lui sorti affaibli. "Au lieu de renforcer notre souveraineté sur Jérusalem, le message, c'est que notre souveraineté a été ébranlée", a-t-il dit. (avec Suleiman Al-Khalidi à Amman; Eric Faye, Danielle Rouquié et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)