"Pourquoi avez-vous décidé de vous introduire en bourse en ce début d’année 2015 ?
Notre introduction s’est inscrite dans le continuum du processus de financement de la société. Nous avions besoin d’investir de manière significative dans la R&D pour faire avancer nos traitements pour le diabète dans une phase de maturité plus importante. La Bourse nous a semblé constituer une opportunité singulière pour accroitre notre intensité capitalistique du fait d’une capacité de levée de fonds significative dans un laps de temps réduit.

Pourquoi ne pas avoir préférer vous orienter vers le marché obligataire dans un contexte de taux particulièrement bas ?

Notre business model n’est pas en adéquation avec le marché obligataire, alors que la perception est tout autre sur le marché primaire des actions de Paris qui est habituée à voir des sociétés biotechs s’introduire en bourse.

Quand est ce que la décision d’entrer en bourse a été prise ?
Suite à notre deuxième levée de fonds en 2012. Nous avions besoin de mobiliser des fonds plus importants pour poursuivre notre développement. Cependant nous avions besoin d’avoir des données importantes pour assoir le positionnement unique et la robustesse de notre principal produit. Ces derniers étant tombés fin 2014, nous avons lancé la procédure d’IPO début 2015.

Quelles ont été les principales étapes de cette procédure ?

Nous avons commencé par bien évaluer nos besoins par rapport à notre business plan. Nous avons travaillé sur plusieurs pistes de financement : cotation en bourse, partenariat, financement privé. Nous avons fait le choix d’approfondir la piste de la cotation en s’appuyant sur des précédents, autrement dit des introductions de société dans notre domaine d’activité, en 2013 et 2014 et en prenant conseil auprès de certains de nos actionnaires historiques qui ont eu l’occasion de mettre en bourse un certain nombre de sociétés détenues en portefeuille. Après avoir jaugé des opportunités et des difficultés, nous avons fini par prendre la décision prendre contact avec les autorités de régulation. A la suite de quoi nous avons minutieusement travaillé sur le document de base et le pré-marketing de l’opération. Nous avons orchestré de nombreux road shows y compris aux Etats-Unis.

Entre ce que vous envisagiez initialement et le cheminement réel qui vous a mené à l’introduction y a-t-il eu un gap important ?

Nous nous sommes équipés de manière à avoir le support suffisamment solide pour franchir la barre haute plus aisément. La principale difficulté a été d’avoir une bonne perception de l’état du marché et de déterminer le bon moment pour s’aventurer. En cela nous avons pu observer une soudaine fermeture du marché entre avril et octobre 2014 pour les biotechs et jusqu’à la fin de l’année pour l’ensemble des secteurs. Nous avons entrevu une fenêtre plus favorable en début d’année.
Une autre difficulté a résidé dans la forte mobilisation par cette procédure de l’équipe dirigeante parallèlement au business habituel.

Quel accueil avez-vous eu de la part des autorités de régulation et des membres de l’équipe d’Euronext ?
La collaboration avec l’AMF et Euronext a été excellente. Il y a une eu une grande fluidité dans les interactions. Les questions étaient multiples et sensées avec une préoccupation constante que le timing sur les marchés pouvait évoluer à tout moment.

Quelles recommandations auriez-vous à formuler pour améliorer la procédure de cotation ?
Une première recommandation résiderait dans la facilitation de l’utilisation de l’anglais dans la documentation. Nous nous adressons également à des investisseurs européens et internationaux. Nous avons été contraints de réécrire l’ensemble de la documentation. Ce serait une source de gain en temps et en cout.
Une proposition avait été formulée par l’AMF dans ce sens qui n’est malheureusement pas encore d’application.
Une introduction en bourse nécessite une certaine capacité financière. Il faudrait probablement améliorer certaines étapes afin de le rendre le processus moins couteux.

Quelle étape en particulier ?
La rédaction du document de base. Nous pouvons regretter que l’on requière le même document quel que soit le type d’activité de la société. On nous a demandé une évaluation très contrôlée de nos états financiers sur ces trois dernières années. Une telle exigence a du sens pour une société industrielle qui réalise un chiffre d’affaires récurrent et qui a des amortissements pour comprendre de quelle manière elle fonctionne. Elle a cependant moins de pertinence pour une société comme Poxel. L’accent doit plus être mis sur l’explication du business model et la manière de générer à la rentabilité.
Il est cependant compréhensible que l’adaptation de l’exigence des comptes financiers au profil de chaque société soit compliquée. La lisibilité pour le régulateur et pour les investisseurs est plus évidente lorsque les formalités requises sont standardisées.

In fine quel regard portez vous sur le marché dans lequel vous évoluez ?
La multiplication des sociétés biotechs n’est pas surprenante dans un environnement qui se veut dynamique. Nous avons souhaité nous introduire rapidement début 2015 pour ne pas être impactée par la non réussite d’une opération donnée.

Appréhendez-vous la fermeture de la fenêtre d’opportunité ouverte actuellement ?

Pour l’instant la fenêtre a l’air de tenir. Deux éléments sont cruciaux : la poursuite de la reprise économique et la qualité des dossiers introduits. Si un dossier s’avère ne pas être qualitatif et met de l’ombre sur le secteur, cela pourrait freiner l’appétit des investisseurs.
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