Fait suffisamment rare pour être souligné ces derniers temps, la monnaie unique européenne se reprenait ce midi contre ses principales contreparties. La devise semble s'offrir un rebond après l'annonce du lancement d'un QE par la BCE, la victoire d'une coalition comprenant Syriza en Grèce, et la confirmation par la Fed de sa politique. Soit un déluge de nouvelles baissières. A cette heure, l'euro gagne 0,22% face à la devise américaine à 1,1300 dollar comme face sterling, à 0,7464, mais aussi 0,60% contre le yen à 133,22 et 1,58% contre le franc suisse à 1,0369.

Rappelons que face au dollar, l'euro perd toujours 6,5% depuis le début de l'année, 11,5% en trois mois et 16,5% sur un an.

Qu'a donc déclaré la Réserve fédérale américaine hier soir, au terme de son premier comité de politique monétaire (FOMC) depuis la décision retentissante de la Banque centrale européenne (BCE) de se lancer dans une opération de “quantitative easing” (QE) de plein exercice, le 22 janvier ?

Selon Natixis, rares sont les changements à signaler dans le communiqué de presse de la Fed, aucune conférence de presse n'ayant été organisée cette fois-ci.

Les analystes relèvent les termes un peu plus prudents employés pour évoquer l'inflation, une nouvelle référence aux 'développements internationaux', mais aussi une appréciation plus optimiste de la conjoncture économique. Comme prévu, la mention de taux directeurs bas (0-0,25% depuis fin 2008) 'pendant une période considérable' a disparu, la nouvelle formule étant : 'le comité estime qu'il peut se montrer patient avant de débuter la normalisation de la politique monétaire'.

Et Natixis de conclure : 'd'une manière générale, cette déclaration ouvre la voie à un durcissement monétaire dès mi-2015'.

La lecture des cambistes de Société Générale (SG) est la même : a priori, 'aucun mouvement (sur les taux) ne devrait intervenir avant juin'. SG anticipe une hausse des taux en milieu d'année.

Notons que dernièrement, le nombre d'intervenants penchant pour le report d'une telle décision au 2nd semestre, voire au 4e trimestre avait augmenté, à en juger par les positions prises sur les produits dérivés de taux.

Et Aurel BGC d'anticiper : 'la question est désormais de savoir si ce terme (patient) sera retiré lors du prochain FOMC, le 17-18 mars prochain, qui sera suivi d'une conférence de presse de Mme Yellen, pour une première hausse des taux directeurs en juin'.

Aurel BGC estime que les changements apportés au communiqué de la Fed 'vont clairement vers un durcissement de ton des membres de la Fed, rendant plus probable le scénario d'une hausse prochaine des taux directeurs'.

'La faiblesse de l'inflation durera peut-être plus longtemps que ne l'anticipaient les banquiers centraux en décembre, mais elle restera temporaire et ne semble pas remettre en cause l'idée d'une première hausse des taux directeurs plus précoce que ne l'attendent les investisseurs', analyse Aurel BGC. Soit, a priori, mi-2015.

Du côté de la zone euro, rappelons que les taux directeurs de la BCE sont depuis l'automne plus proches de zéro que jamais, voire négatifs en ce qui concerne le taux de facilité de dépôt. Et qu'ils ne devraient pas remonter dans un avenir proche.

A quelques jours du début de l'extension massive des rachats d'actifs coordonnés par la BCE (au rythme de 60 milliards d'euros par mois dès mars), l'attention se focalise sur la Grèce. Et notamment les propos d“Alexis Tspiras, le nouveau premier ministre grec de la gauche radicale, après l'annonce de la ligne de route de son gouvernement : renégociation de la dette et du plan d'austérité imposé au pays”, résument les spécialistes de Saxo Banque. Mais la situation athénienne ne semble plus peser sur l'euro comme c'était le cas lundi.

Par ailleurs, les opérateurs européens ont pris connaissance d'une légère baisse du nombre de demandeurs d'emploi en Allemagne (- 8.000) au mois de janvier, selon des données corrigées de variations saisonnières.

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