LE CAIRE, 23 mai (Reuters) - Dix-sept personnes qui étaient jugées pour avoir contrevenu à la loi égyptienne sur les manifestations en participant à un rassemblement en janvier dernier ont été acquittées samedi, a-t-on appris de source judiciaire, décision rare depuis l'entrée en vigueur fin 2013 d'un texte limitant les protestations sur la voie publique.

Ce rassemblement de janvier, qui visait à marquer l'anniversaire du soulèvement de 2011 contre le président de l'époque, Hosni Moubarak, avait retenu l'attention parce qu'une vidéo avait montré la mort d'une manifestante de 32 ans, Chaïmaa Sabbagh.

Un policier, qui avait tiré de la chevrotine pour disperser la foule, a été inculpé dans cette affaire qui fait l'objet d'un procès distinct.

Selon Sayed Abou el Ilaun, un avocat défendant les inculpés, il s'agit du premier acquittement de manifestants depuis l'entrée en vigueur de la loi.

"Je ne suis pas satisfait par un acquittement qui se fait aux dépens du sang de Chaimaa", a déclaré Abou el Ila, qui avait été photographié avec la manifestante en train de mourir dans ses bras.

"Chaimaa a sacrifié sa vie pour s'opposer à une loi injuste et cette loi est toujours en vigueur."

Par ailleurs, un nouveau procès s'est ouvert samedi contre le président islamiste déchu Mohamed Morsi, cette fois pour outrage à magistrat. L'ex-président issu de Frères musulmans, renversé par l'armée en juillet 2013, est jugé en même temps que 25 autres personnes parmi lesquelles figurent le présentateur d télévision Taoufik Okacha et les militants des droits de l'homme Amr Hamzaoui et Alaa Abdel Fattah.

Mohamed Morsi a été condamné à 20 ans de prison le mois dernier pour des charges liés à la mort de manifestants en décembre 2012.

Un tribunal a également demandé la peine de mort à son encontre et pour une centaine d'autres partisans des Frères musulmans, pour leur implication dans une évasion collective d'une prison du Caire durant le soulèvement de 2011.

Par ailleurs, 61 personnes de Damietta soupçonnées d'appartenir aux Frères musulmans, confrérie désormais interdite et considérée comme un groupe terroriste, ont été déférées devant un procureur militaire pour des faits de violence.

La compétence des tribunaux militaires a été étendue l'an dernier pour leur permettre de juger des civils accusés d'actes allant de l'attaque de bâtiments publics au blocage de routes dans le cadre de la répression grandissante contre l'opposition. (Stephen Kalin; Danielle Rouquié pour le service français)