Déçus par le dernier rapport mensuel sur l’emploi américain, les investisseurs semblent définitivement avoir fait une croix sur un resserrement monétaire de la Réserve Fédérale au mois de juin en se débarrassant massivement de leurs billets verts, lesquels rejoignent une zone de prix attractive.

En mai, les Etats-Unis auraient seulement créé 38000 emplois, un plus bas depuis septembre 2010, bien en-deçà des attentes, et les chiffres des deux mois précédents ont même été révisés en baisse pour une différence de 59000 postes au total.

Déjà minoritaires avant la publication, malgré les récents propos de Janet Yellen à Harvard selon lesquels il sera approprié de relever les taux progressivement et prudemment dans les prochains mois, les opérateurs anticipant un tour de vis de la banque centrale américaine dès le mois de juin ont ainsi été contraints de se ranger du côté de la majorité.

Pourtant comme souvent, la première vague spéculative nous semble exagérée. En décortiquant les chiffres du rapport, on observe tout d’abord que le taux de chômage recule encore, à 4.7%. Même si cette nouvelle baisse est essentiellement due à un nouveau repli de la population active, il s’agit d’un record depuis novembre 2007, alors que la première économie mondiale comptait en moyenne 4.6% de chômeurs avant l’éclatement de la crise financière. Quant au salaire horaire, sa progression se stabilise à 2.5% sur un an, un niveau plutôt solide. Enfin, la longue grève des salariés de l’opérateur télécom Verizon a provoqué la suppression artificielle et provisoire de 34000 postes, pesant largement sur le dernier chiffre des embauches. En contrepartie, ces emplois seront réintégrés dans le rapport de juin qui sera publié au mois de juillet, de quoi booster les prochaines statistiques.

Ainsi s’il est entériné que la FED n’agira pas ce mois-ci, un relèvement de taux entre juillet et septembre, suivi d’un deuxième d’ici la fin de l’année, reste une hypothèse plutôt crédible.

Autre élément de nature à peser sur les cours de l’Euro, la prudence affichée de Mario Draghi, lors de sa dernière conférence de presse à Vienne le 2 Juin, met en exergue la détermination de la BCE à poursuivre son action expansionniste. Malgré le rebond des cours du pétrole, l’institution n’a pas relevé ses prévisions d’inflation pour 2018 (+1.8%), comme cela était majoritairement attendu, tandis que son président a encore insisté sur le fait que l’autorité monétaire ne se fixait aucune limite dans le cadre de sa politique.

Graphiquement, le sursaut de l’Euro ne fait en réalité que compenser le mouvement baissier des derniers jours et la parité risque de se heurter une nouvelle fois à la fourchette haute de son trading range. Nous privilégions donc le scénario du faux signal d’achat et un trading contrarien en passant vendeurs aux cours actuels, position que nous renforcerons en cas d’extension vers 1.1423 puis 1.1523 en dernier recours, niveau qui devra être préservé en clôture quotidienne. En matière d’objectif, un retour vers 1.1215 USD nous semble accessible à court terme.