par Steve Holland et John Walcott

BRIDGEWATER, New Jersey/WASHINGTON, 20 août (Reuters) - D onald Trump présentera sa stratégie pour l'Afghanistan lors d'un discours diffusé lundi soir à la télévision américaine, a annoncé dimanche la Maison blanche.

Le président américain, qui a décidé de remettre à plat la stratégie en Afghanistan peu après son entrée officielle en fonction le 20 janvier dernier, s'exprimera à 21h00 (mardi 01h00 GMT) de Fort Myer, en Virginie, non loin de Washington.

Le chef de l'Etat a arrêté sa position sur l'Afghanistan après de longues discussions avec ses principaux conseillers vendredi à Camp David, la résidence de vacances officielle des présidents, dans le Maryland.

Il annoncera peut-être une modeste augmentation des effectifs américains sur le terrain, actuellement 8.400 hommes, comme ses principaux conseillers le lui ont recommandé, indique un haut responsable.

Ce sera la troisième fois que le chef de la Maison blanche s'adressera au pays en prime time. Il l'avait fait une première fois en janvier dernier pour annoncer son choix du magistrat Neil Gorsuch à la Cour suprême et une fois lors d'un discours en février au Congrès comme c'est la tradition pour les présidents américains.

Donald Trump n'a pas caché sa lassitude de cette guerre lancée il y a près de 16 ans par le président de l'époque George W. Bush, un républicain comme lui, pour renverser le régime taliban qui avait offert un refuge à Al Qaïda pour préparer les attentats du 11 septembre 2001 contre New York et Washington.

Les taliban ne sont plus au pouvoir mais mènent toujours des attentats, notamment contre les forces de sécurité afghane, et contrôlent une partie du pays et livrent des combats acharnés pour gagner du terrain.

Selon des estimations américaines, les forces gouvernementales afghanes contrôlent moins de 60% du pays.

"Nous ne sommes pas en train de gagner", a dit Trump à ses conseillers lors d'une réunion mi-juillet. Il s'est même demandé si le général John Nicholson, qui dirige les troupes américaine en Afghanistan et a demandé un renfort de 4.000 soldats supplémentaires, ne devait pas être limogé, dit-on de source autorisée.

Le secrétaire à la Défense, Jim Mattis, estime pour sa part qu'une présence militaire américaine est nécessaire pour protéger le pays contre la menace islamiste, ajoute-t-on.

UNE STRATÉGIE RÉGIONALE

La Maison blanche a mis du temps à prendre sa décision, expliquent deux responsables qui ont participé aux discussions, parce qu'il a été difficile de faire accepter au président la nécessité d'une stratégie régionale plus large qui comprenne aussi les relations avec le Pakistan, avant de prendre une décision sur l'envoi ou pas de troupes supplémentaires en Afghanistan.

La décision a été d'autant plus difficile à prendre que Donald Trump a entendu des avis et recommandations les plus diverses, ajoute-t-on.

Le conseiller à la sécurité nationale à la Maison blanche, H.R. McMaster, ainsi que d'autres conseillers, ont été d'avis d'accepter la demande de renfort du général Nicholson.

Mais le conseiller stratégique à la Maison blanche Steve Bannon, qui, avant sa démission vendredi, était très écouté par Trump, était lui favorable au retrait de la totalité des 8.400 miliaires américains présents sur le sol afghan. Il faisait valoir qu'après 16 années, il n'était plus possible de remporter la guerre. Steve Bannon n'était pas présent à la réunion de vendredi à Camp David.

Autre option examinée : les effectifs en Afghanistan seraient réduits de 3.000 hommes pour ne laisser sur place qu'un petit contingent pour la collecte du renseignement et la lutte contre le terrorisme dans le but de mener des opérations spéciales et des frappes de drones contre les taliban.

En revanche, l'utilisation d'une force de mercenaires qui reprendrait la formation et l'entraînement des Afghans, assurée pour l'instant par l'armée américaine, n'a jamais été sérieusement envisagée, assure-t-on.

La question du Pakistan et de savoir jusqu'où aller pour faire pression sur son gouvernement pour qu'il lutte plus efficacement contre les taliban et leurs alliés, notamment le groupe Haqqani, a été très débattue.

Certains responsables de l'armée et des services de renseignement estiment que cela pourrait interférer avec leur coopération avec l'armée pakistanaise et son puissant service de renseignement, l'Inter-Services Intelligence (ISI).

Dans une lettre ouverte à Donald Trump mardi dernier, les taliban afghans ont demandé aux Etats-Unis le retrait leurs troupes d'Afghanistan. (Avec Idrees Ali à Amman; Danielle Rouquié pour le service français)