"La BCE n'est pas censée prendre en charge la supervision dans un délai de trois mois. Ce sera une période de transition. Nous prévoyons qu'il faudra un an pour adapter toutes les structures", a-t-il dit devant la commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen.

"L'important est que le système de régulation entre en vigueur le 1er janvier, après quoi on commencera à travailler officiellement avec les superviseurs nationaux pour le mettre en place. On se donne un an".

Mario Draghi a redit son attachement à une stricte séparation, au sein de la BCE, entre les activités de supervision et de politique monétaire.

Peu avant, la présidente de la Bafin, l'autorité allemande de régulation financière, avait estimé que l'échéance fixée pour la mise en place d'une supervision bancaire à l'échelle de la zone euro serait probablement repoussée d'un an.

Elke König a également dit qu'elle soutenait l'idée d'une supervision commune dans son principe, mais qu'elle n'avait pas compris comment se ferait concrètement la transition d'une supervision nationale à une supervision paneuropéenne.

L'Allemagne a affiché à plusieurs reprises son désaccord avec la Commission européenne au sujet du projet visant à donner à la Banque centrale européenne de nouveaux pouvoirs de supervision des banques, estimant qu'il était irréaliste de penser que l'institut de Francfort allait pouvoir contrôler toutes les banques européennes.

Mario Draghi a par ailleurs estimé que le nouveau programme de rachat d'obligations des pays en grande difficulté par la BCE ferait office de filet de sécurité pour éviter que la zone euro soit confrontée aux pires scénarios. La BCE a approuvé ce plan le mois dernier et les marchés financiers attendent désormais que l'Espagne sollicite officiellement une aide, ce qui impliquerait une intervention sur le marché obligataire.

Si pour beaucoup, cet épisode pourrait amorcer un début de sortie de crise, le président de le BCE s'est montré plus pessimiste, rappelant que la partie est loin d'être gagnée.

"Il y a eu quelques améliorations au cours des deux ou trois derniers mois, mais je pense qu'il y a encore beaucoup de chemin à parcourir, et ce chemin sera ardu", a-t-il dit, rappelant que la zone euro souffre encore d'une "crise de confiance".

Selon lui, la reprise ne se fera donc pas du jour au lendemain car les mesures d'austérité pèseront encore sur la croissance pendant un certain temps.

Le Fonds monétaire international (FMI) a d'ailleurs annoncé lundi avoir abaissé sa prévision de croissance de la zone euro pour 2012 et 2013, en raison de l'évolution de la crise de la dette.

Francesco Guarascio à Bruxelles et Sakari Suoninen et Paul Carrel à Francfort, Juliette Rouillon et Catherine Monin pour le service français, édité par Véronique Tison et Wilfrid Exbrayat