Les Européens continuent parallèlement à fourbir leurs armes au cas où le président américain déciderait finalement d'appliquer à l'Europe ces tarifs sur l'acier (25%) et l'aluminium (10%) qui doivent entrer en vigueur ce vendredi.

Donald Trump a annoncé jeudi que les membres de l'UE, l'Argentine, l'Australie, le Brésil, la Corée du Sud, le Canada et le Mexique éviteraient jusqu'au 1er mai ces barrières douanières, ouvrant un délai pour négocier.

Dans ses conclusions publiées vendredi en anglais, "le Conseil européen regrette la décision des Etats-Unis" d'imposer ces droits de douane, il souligne que "ces mesures ne peuvent être justifiées par des raisons de sécurité nationale" et sont "un remède inapproprié aux vrais problèmes de surcapacités".

Le Conseil note l’exemption temporaire pour l’Union européenne, "appelle à ce que cette exemption devienne permanente" et soutient fermement la Commission dans ses projets visant à garantir la protection des intérêts européens en se réservant "le droit, en conformité avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce, de répondre aux mesures prises par les Etats-Unis (...) de façon proportionnée".

Le commissaire européen aux Affaires économiques et financières, Pierre Moscovici, a salué sur France Inter "un progrès". "Nous allons continuer à discuter et nous nous préparons à toutes les hypothèses", a-t-il ajouté.

L'UE RESTE PRÊTE A CONTRE-ATTAQUER

La chancelière allemande, Angela Merkel, avait été encore plus claire, après le dîner des chefs d'Etat et de gouvernement européens jeudi : "S'ils augmentent les droits de douane, nous répondrons pas des contre-mesures. C'est notre opinion commune."

Les Européens cherchent à comprendre les demandes du président américain, qui dénonce des barrières "injustes" imposées selon lui par l'Europe aux produits américains.

"C’est toujours compliqué d’analyser les ressorts des décisions de Donald Trump. Il faut être prêt à toutes les éventualités", a dit Pierre Moscovici, écartant le "fantasme" d'une négociation commerciale "globale" avec les Etats-Unis.

Le Premier ministre belge, Charles Michel, a déploré l'attitude américaine. "Cela donne quand même l’impression qu’il y a, dans le chef des Etats-Unis, une volonté de négocier avec l’Union européenne en mettant un revolver sur notre tempe".

"Ce n’est pas une manière très loyale de négocier quand on est des partenaires aussi solides sur le plan historique."

Le ministre allemand de l'Economie, Peter Altmaier, s'est dit "très satisfait que nous ayons évité une situation qui aurait pu conduire à une grande incertitude pour l'industrie allemande de l'acier et de l'aluminium et ses employés".

"Notre but est qu'au terme de ces discussions, l'architecture du commerce international soit plus stable. Il doit y avoir plus de coopération et non moins de coopération", a-t-il ajouté sur la radio Deutschlandfunk.

Le porte-parole du gouvernement français, Benjamin Griveaux, a estimé sur Public Sénat que la décision de l'administration Trump était liée à la fermeté affichée par l'Union européenne, qui aurait "pris (ses) responsabilités" pour éviter une guerre commerciale.

(Bureau européen et Jean-Baptiste Vey, avec Mathieu Rosemain, Myriam Rivet et Arthur Connan à Paris, Paul Carrel et Georg Merziger à Berlin, édité par Yves Clarisse)