Ces informations font suite à des propos du ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, selon lesquels une réflexion est en cours sur "l'architecture" d'EDF pour faire en sorte que l'électricien public mette davantage l'accent sur les énergies renouvelables.

"Bercy travaille sur le sujet. Certains considèrent (qu'une scission du nucléaire) serait une bonne solution", a indiqué une première source.

Les sources interrogées par Reuters ont toutefois ajouté que cette piste n'avait pas été évoquée au sein de l'équipe de direction d'EDF, que son conseil d'administration n'avait pas été consulté sur le sujet et qu'aucun groupe de travail ne planchait dessus dans l'entreprise.

"Que des scénarios circulent, c'est évident, mais à ce stade ça vient plutôt des banques conseils", a déclaré l'une des sources.

Le ministère de l'Economie n'a pas souhaité commenter ces informations.

BFMTV a de son côté rapporté jeudi matin qu'un schéma circulant depuis des mois consisterait à séparer les activités nucléaires d'EDF du reste du groupe - en particulier des énergies renouvelables et des services énergétiques - et de "garantir au parc nucléaire un prix qui évoluerait en fonction de ses coûts".

UBS évoquait déjà mardi dans une note une telle scission, sur le modèle de celle opérée par l'allemand RWE, qui a rassemblé ses activités de gestion des réseaux et d'énergies renouvelables au sein de sa filiale cotée Innogy.

L'action EDF gagnait 3,21% à 10,595 euros à 14h30, enregistrant la plus forte hausse de l'indice parisien SBF 120 (+0,42%).

"UN SCÉNARIO DE BANQUIER"

"Le scénario de séparer le nucléaire vise à en faire une 'facilité essentielle' qui permettrait à tout le monde de s'approvisionner au même prix", a indiqué une des sources interrogées par Reuters.

Une autre de ces sources a pour sa part évoqué un "scénario de banquier", rappelant qu'Emmanuel Macron imaginait déjà cette piste lorsqu'il était ministre de l'Economie.

En mars 2016, l'actuel chef de l'Etat déclarait ainsi lors d'une audition à l'Assemblée nationale que "le statut d'objet coté du nucléaire français (n'était) pas satisfaisant" et qu'une solution pourrait consister à "rompre le lien entre les activités dans le domaine du nucléaire en France et le reste du groupe".

Evoquant "dans l'entreprise, chez les salariés et les dirigeants, une volonté forte de maintenir l'intégrité du groupe", il soulignait toutefois la difficulté de mettre en oeuvre un schéma qui "impliquerait (...) un démantèlement".

EDF, dont l'Etat détient 83,4% du capital, est confronté à de nombreux défis, parmi lesquels des prix de marché déprimés en Europe, de lourds investissements dans le parc nucléaire français, la réalisation du projet de centrale de type EPR britannique d'Hinkley Point ou encore la mise en oeuvre du rachat de l'activité réacteurs d'Areva.

Le groupe subit également une concurrence accrue en France, avec une régulation qui l'oblige à céder une partie de sa production nucléaire à ses rivaux dans le cadre d'un dispositif - l'Arenh - qu'il critique régulièrement.

(Benjamin Mallet et Geert de Clercq, avec Leigh Thomas, édité par Dominique Rodriguez)

Valeurs citées dans l'article : Engie, Electricité de France, RWE, Direct Energie, Innogy SE