Istanbul (awp/afp) - La banque centrale turque a maintenu jeudi son principal taux directeur inchangé à 50 %, malgré les risques d'inflation qu'elle assure "surveiller de près".

Le mois dernier à la veille des élections municipales, l'institution avait relevé son taux de 5 points, une décision justifiée par une envolée des prix à la consommation au-delà des attentes, à près de 70% sur un an.

"En mars, malgré une baisse continue, la tendance de l'inflation mensuelle a été plus élevée que prévu", justifie-t-elle jeudi dans un communiqué, précisant "surveiller de près l'alignement des anticipations d'inflation et du comportement des prix".

"Les effets du resserrement monétaire sur les conditions de crédit et la demande intérieure sont étroitement surveillés", ajoute-t-elle.

"L'orientation monétaire restrictive sera maintenue jusqu'à ce qu'un déclin significatif et durable de la tendance (inflationniste) mensuelle soit observé".

L'institution avait relevé son taux directeur de 8,5 à 45% entre juin et janvier.

Pour le cabinet d'analyse Capital Economics, basé à Londres, "le cycle de resserrement est probablement arrivé à sa fin" mais, ajoute-t-il, "avec une économie en forte croissance et des pressions inflationnistes toujours vives, nous ne prévoyons toujours pas de baisse des taux avant l'année prochaine", en 2025.

La semaine dernière, le ministre de l'Economie et des Finances, Mehmet Simsek, s'était dit "déterminé à réduire l'inflation et le déficit du compte courant, à établir une discipline budgétaire et à résoudre les problèmes structurels" de l'économie turque.

Il affirmait du même coup sur le réseau "X" être en ce sens "pleinement soutenu par notre président depuis le début", alors que le sévère revers subi par le parti au pouvoir AKP du président Recep Tayyip Erdogan aux municipales du 31 mars a été grandement attribué à l'inflation.

Celle-ci a atteint 68,5 % en avril sur les douze derniers mois, selon les statistiques officielles contestées.

Le chef de l'Etat s'est toujours montré hostile aux taux d'intérêt élevés qu'il juge contraires à l'islam, mais l'envolée des prix à la consommation l'a contraint à accepter le retour à une politique monétaire plus orthodoxe.

"Notre priorité, notre premier objectif est de réaliser des économies dans les dépenses publiques, de réduire l'inflation et de soulager l'économie. Nous avons déjà réussi, nous réussirons encore" a déclaré mardi le président Erdogan.

"En tant que gouvernement, nous sommes déterminés à faire tout ce qui est nécessaire pour cela", a-t-il affirmé.

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