retrouver leurs esprits

PARIS (awp/afp) - Ébranlés par les hostilités commerciales lancées par les États-Unis, les marchés européens peinent à retrouver leurs esprits et l'agenda des prochains jours, clairsemé à l'approche de Pâques, risque d'apporter peu de réconfort.

"La semaine a été difficile pour les marchés qui ont eu beaucoup de choses à digérer", à commencer par une série d'annonces "qui ressemblent à une escalade vers une guerre commerciale", résume auprès de l'AFP Isabelle Mateos y Lago, directrice générale au BlackRock Investment Institute.

"Il y a eu un renforcement du camp des durs autour de Donald Trump et même si la présidence américaine est plus dans une posture de négociation, avec peu de mesures effectivement entrées en vigueur, cela a pesé sur le sentiment et les performances", complète-t-elle.

Après sa décision prise unilatéralement le 8 mars, d'imposer des taxes de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium, Washington a franchi une étape supplémentaire jeudi en signant "un memorandum ciblant l'agression économique de la Chine".

Vendredi le bras de fer s'est poursuivi, Pékin menaçant le porc et les fruits américains et les États-Unis lançant une procédure devant l'Organisation mondiale du commerce contre le pays.

Ces décisions américains "remettent en question des règles du jeu instaurées depuis de nombreuses années. Et il est difficile de mesurer l'impact de tels changements", explique à l'AFP Roland Kaloyan, responsable stratégie actions européennes chez Société Générale.

"Sur l'acier par exemple, développe-t-il, l'impact va au-delà des importations elles-mêmes, cela peut affecter les fabricants automobiles ou l'inflation aux États-Unis", créant de nombreuses interrogations alors que les marchés n'apprécient pas du tout l'incertitude.

- Polémique autour de Facebook -

Aux craintes de guerre commerciale s'est ajoutée la polémique autour de Facebook avec l'utilisation indue de données personnelles de millions de ses utilisateurs par une société britannique, ce qui s'est traduit par un plongeon du titre à Wall Street et l'affaiblissement du secteur quasiment partout dans le monde.

"En Europe, les marchés ont aussi été chahutés par un indicateur d'activités PMI décevant", ajoute M. Kaloyan.

La croissance de l'activité privée en zone euro a en effet de nouveau ralenti en mars, et a enregistré sa plus faible progression depuis plus d'un an, selon la première estimation de l'indice PMI composite du cabinet Markit.

Enfin les marchés ont aussi eu à intégrer l'issue d'une réunion de la Réserve fédérale américaine, qui n'a pas apporté de mauvaise nouvelle mais qui ne correspondait pas totalement aux attentes, entraînant des ajustements.

L'institution, réunie pour la première fois sous la houlette de Jerome Powell, a sans surprise relevé ses taux d'intérêt. Mais alors que de nombreux experts pensaient que la banque centrale allait augmenter ses prévisions de hausses pour le reste de l'année, elle est restée sur une projection de deux relèvements de plus des taux en 2018.

Face à cette vague de nouvelles majoritairement anxiogènes, les indices européens ont enregistré des baisses sévères.

Dans ce contexte, l'introduction vendredi en Bourse par Deutsche Bank de sa filiale de gestion d'actifs DWS, n'a pas fait d'étincelles, le cours stagnant autour du cours d'émission (32,50 euros) quand la maison mère se retrouvait éjectée en queue d'indice.

- Semaine écourtée -

Le mouvement a été d'autant plus prononcé "qu'il y avait déjà beaucoup de nervosité sur les marchés avant même ces nouvelles", souligne M. Kaloyan.

Et selon lui, "les marchés devraient rester assez nerveux les prochains jours où les nouvelles en matière de politique commerciale devraient encore prendre le dessus".

D'autant que l'agenda ne compte pas d'indicateurs majeurs dans une semaine écourtée, car les places européennes seront fermées vendredi pour un long week-end pascal.

"Ce qui se passe autour de Facebook sera aussi surveillé puisque son président a été sommé de se présenter devant la chambre des représentants. Jusqu'ici les géants de la tech ont bénéficié d'une quasi-absence de réglementation et le vent pourrait commencer à tourner de ce côté", estime également Mme Mateos y Lago.

"S'il n'y a pas de mauvaises nouvelles, les marchés boursiers européens pourraient retrouver un rythme de croisière plus positif", poursuit la spécialiste, en rappelant que par ailleurs "l'économie et les entreprises se portent bien".

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