Zurich (awp/ats) - Alors que le franc doit faire face à de nouvelles pressions à la hausse après le oui des Britanniques à un Brexit, economiesuisse appelle la Banque nationale suisse (BNS) à agir. L'institut d'émission doit tout mettre en oeuvre pour maintenir le cours du franc entre 1,08 et 1,10 franc pour un euro.

"J'attends de la Banque nationale qu'elle utilise aussi à l'avenir tous les moyens afin de limiter l'appréciation du franc à un cours de l'ordre de grandeur de 1,08 à 1,10 franc pour un euro", a déclaré le président d'economiesuisse, Heinz Karrer, dans une interview publiée dimanche dans la NZZ am Sonntag.

Dans l'édition online de la Schweiz am Sonntag, M. Karrer a rappelé que la BNS doit continuer à pouvoir mener une politique monétaire indépendante. "Mais elle doit naturellement tout entreprendre afin que le cours de l'euro ne retombe pas au-dessous de la zone de 1,10 franc pour un euro". L'institut d'émission doit utiliser les instruments à sa disposition, à savoir des interventions sur les marchés des changes ainsi que sur les taux d'intérêt.

Le pression haussière sur le franc touchera dans l'immédiat de nombreuses entreprises dans leurs capacités à exporter. La Grande-Bretagne représente le 5e marché d'exportation pour les biens et services helvétiques. De plus, les vacances en Suisse deviendront trop coûteuses pour de nombreux touristes britanniques. Le tourisme suisse, notamment, va en souffrir", a dit M. Karrer.

Moins de touristes britanniques

Ainsi, s'exprimant dans les colonnes de la Zentralschweiz am Sonntag, le patron d'Hotelplan Suisse, Kurt Eberhard, confirme s'attendre à un tassement de la clientèle britannique. La filiale du voyagiste de Migros, Hotelplan UK va probablement perdre des clients qui ne pourront plus s'offrir des vacances chères.

L'actuelle chute de la livre sterling va probablement entraîner l'hiver prochain une baisse du nombre de visiteurs provenant de Grande-Bretagne, selon M. Eberhard. "Cela fait mal. Les Britanniques représentent de bons hôtes et ils sont importants pour le groupe Hotelplan".

D'autant plus que pour l'heure les affaires restent mitigées, même si celles de cet été devraient évoluer de manière un peu plus favorable. "Pour le moment, nous sommes légèrement en dessous de l'an passé", poursuit M. Eberhard. Les incertitudes liées aux attaques terroristes ont pour conséquence que les voyageurs réservent leurs séjours à plus court terme qu'auparavant.

Quant aux entreprises helvétiques en Grande-Bretagne, lesquelles emploient sur place quelque 100'000 salariés, M. Karrer ne pense pas que celles-ci vont opérer d'importantes restructurations. Mais le climat d'incertitudes consécutif au Brexit augmente la probabilité d'une réduction des investissements des firmes suisses en Grande-Bretagne.

Récession pas exclue

M. Karrer n'écarte pas le risque d'une récession en Grande-Bretagne, laquelle ne resterait pas sans effet sur les entreprises suisses, le Royaume-Uni constituant leur 5e client ainsi que la 4e destination pour les investissements directs helvétiques.