PARIS, 27 mai (Reuters) - Le Premier ministre Edouard Philippe, interrogé sur le débat au sein du gouvernement sur une diminution des aides sociales, estime dans une interview au Journal du dimanche que le modèle social français "ne fonctionne pas bien" et qu'il ne suffit pas d'indemniser les personnes sans ressources pour les réinsérer.

"Dans une période de croissance retrouvée, de baisse du chômage, de reprise de l’investissement, il est bon de se poser calmement la question du sens et de l’efficacité des politiques publiques", dit le chef du gouvernement.

"Malgré le niveau très élevé des aides sociales, notre modèle social ne fonctionne pas bien."

Il cite en exemple les allocataires du revenu de solidarité active (RSA) qui, pour beaucoup, "attendent plus de six mois un rendez-vous pour pouvoir être accompagnés vers le retour à une activité". "C’est absurde", dit-il.

"On a trop longtemps cru qu’il suffisait d’indemniser des personnes sans ressources pour les réinsérer. On raisonne trop souvent en termes de distribution d’argent, pas assez en termes d’accompagnement", ajoute-t-il. "C’est vrai pour les aides sociales comme pour les aides aux entreprises."

Sans se prononcer sur une baisse des prestations sociales, il précise qu'il refusera toute "politique du rabot".

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a nourri les reproches de l'opposition de gauche et de certains députés de sa majorité en déclarant dimanche dernier envisager de réduire les prestations dans le domaine de l'emploi si la conjoncture économique le permettait pour contribuer à l'amélioration des finances publiques.

Tentant d'apaiser les tensions, le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, a assuré mercredi que le gouvernement ne toucherait pas aux prestations sociales mais devait travailler, avec le reflux du chômage, à une réforme de dispositifs comme la prime d'activité. (Caroline Pailliez, édité par Henri-Pierre André)