Les divergences attendues sur le plan monétaire entre la Fed et la Banque centrale européenne se font aussi sentir sur la crédibilité de chacune des deux institutions. Selon Charles Bouffier, Directeur général délégué d'Egamo, "la crédibilité de la BCE est un point de repère rassurant pour des marchés déconcertés par la valse-hésitation de la FED". Là où la première donne des informations claires et fait coïncider ses actes avec ses annonces, la seconde entretient le flou sur ses intentions.

Ainsi, les marchés "avaient été prévenus dès l'origine du QE de son caractère modulable, en fonction des circonstances. La conjonction des discours adéquats prononcés au bon moment, des décisions et des actes conformes aux discours contribuent à la crédibilité de la BCE. Cette crédibilité bénéficie à l'ensemble de la zone Euro, tant à son économie qu'à ses marchés financiers C'est un précieux facteur de stabilité, dans un environnement international agité", soutient Charles Bouffier.

A l'inverse, "la Banque centrale américaine a semblé mettre en oeuvre une communication pour le moins surprenante par rapport à ses prises de décisions effectives. Alors qu'elle avait préparé les marchés à une remontée de ses taux directeurs en septembre, celle-ci se fait toujours attendre. L'argument avancé par la Fed d'une situation peut être plus dégradée que prévu dans la zone émergente a certes été compris comme un signe de pragmatisme, mais aussi comme une forme de changement des règles au milieu de la partie. Il en résulte une situation étrange dans laquelle les mots désormais prononcés ont autant vocation à réparer les erreurs de communication (et de décision ?) passées qu'à préparer les décisions à venir."

Pour le patron d'Egamo, la stabilité apportée par la BCE va avoir un impact positif pour atténuer les effets du resserrement monétaire de la Fed qui devrait tout de même avoir lieu d'ici la fin de l'année. "En contribuant ainsi à maintenir des taux d'intérêt à un niveau bas même s'ils remonteront un peu, tout en stabilisant de manière informelle et dans la mesure de ses possibilités, le taux de change de l'Euro/dollar, la BCE continuera de soutenir la lente reprise de l'économie de notre zone, valorisant ainsi à terme les actifs de diversification", explique Charles Bouffier.