(Bilan actualisé, communiqué de l'armée égyptienne)

par Yousri Mohamed et Ahmed Hassan

ISMAILIA, Egypte/LE CAIRE, 1er juillet (Reuters) - L'armée égyptienne a annoncé avoir tué mercredi au moins cent djihadistes dans des affrontements dans le nord de la péninsule du Sinaï, où des groupes d'islamistes ont attaqué plusieurs postes de contrôle routiers et des commissariats.

Dans un communiqué publié dans la soirée, le commandement de l'armée précise que 17 soldats, dont quatre officiers, ont également péri dans les combats. Treize militaires ont été blessés.

Auparavant, des sources médicales et militaires avaient fait état de plus de 70 morts dont un grand nombre de soldats.

Cette attaque de grande ampleur a été revendiquée par la Province du Sinaï, la branche égyptienne de l'organisation Etat islamique (EI), dont une quarantaine de combattants ont aussi été tués.

Dans un communiqué sur Twitter, le groupe fondamentaliste sunnite dit avoir attaqué simultanément plus de 15 sites des services de sécurité et mené trois attentats suicides.

Cette opération spectaculaire dans le Sinaï survient deux jours après l'assassinat du procureur général d'Egypte, Hicham Barakat, dans un attentat à la voiture piégée au Caire.

Après cet attentat, le président Abdel-Fattah al Sissi avait promis de prendre des mesures et le conseil des ministres a approuvé mercredi un projet de nouvelle législation antiterroriste. Plusieurs dispositions visent notamment à assécher les canaux de financement des groupes terroristes.

L'armée et des sources sécuritaires égyptiennes ont évoqué des attaques menées mercredi par des dizaines, voire des centaines de combattants islamistes contre des barrages routiers et affirmé que les militaires avaient détruit trois véhicules équipés d'armes antiaériennes.

Un médecin de l'hôpital d'El Arich, le chef-lieu du Nord-Sinaï, a déclaré en début d'après-midi avoir reçu 30 corps, dont certains portaient des uniformes de l'armée.

FRAPPES AÉRIENNES

Un commissariat a par ailleurs été encerclé pendant plusieurs heures par des djihadistes dans la localité de Cheikh Zoueïd, proche de la frontière avec la bande de Gaza.

Des sources sécuritaires ont indiqué que les insurgés avaient dissimulé des bombes autour du poste pour empêcher les policiers de quitter les lieux, ainsi que le long de la route menant à une base militaire voisine pour empêcher l'arrivée de renforts.

La région est survolée par des chasseurs F-16 et des hélicoptères Apache de l'armée, qui ont mené des frappes contre les islamistes.

Ces derniers se seraient par ailleurs emparés de deux véhicules blindés, d'armes et de munitions, dit-on de mêmes sources.

Plusieurs centaines de policiers et de militaires ont été tués dans le nord du Sinaï, bastion de l'insurrection djihadiste, depuis le renversement par l'armée début juillet 2013 du président islamiste démocratiquement élu Mohamed Morsi.

L'EI a appelé ses partisans à intensifier leur attaques pendant le mois de Ramadan, bien qu'il n'ait pas spécifiquement mentionné l'Egypte comme cible.

Un responsable israélien a indiqué qu'à la suite des attaques de mercredi, Israël pourrait autoriser l'Egypte à déployer des moyens militaires supplémentaires dans le nord du Sinaï, largement démilitarisé depuis le traité de paix signé en 1979 à Camp David.

Dans la banlieue du Caire, neuf membres des Frères musulmans ont été abattus mercredi au cours d'une opération de police dans un appartement, a-t-on appris de sources sécuritaires, selon lesquelles les hommes étaient armés et préparaient un attentat. La confrérie affirme au contraire qu'ils participaient à une réunion. (Avec Ali Abdelaty et Mahmoud Mourad; Danielle Rouquié, Tangi Salaün et Guy Kerivel pour le service français)