par Amanda Becker

BELFAST, 16 janvier (Reuters) - Le gouvernement britannique a décidé lundi la tenue le 2 mars prochain d'élections législatives anticipées en Irlande du Nord, qui pourrait entrer dans une période prolongée de paralysie politique au moment où commenceront les négociations sur le Brexit.

La décision, annoncée par le ministre chargé de l'Irlande du Nord, James Brokenshire, lors d'une conférence de presse à Belfast, est la conséquence de la démission il y a une semaine du vice-Premier ministre du gouvernement autonome de Belfast.

Le départ de Martin McGuinness, membre du Sinn Féin, a conduit à la chute du gouvernement de partage du pouvoir entre nationalistes et unionistes conduit par Arlene Foster, issue du Parti unioniste démocratique (UDP).

"Nul ne devrait sous-estimer le défi auquel sont confrontées les institutions politiques ici, en Irlande du Nord, ainsi que ce qui est jeu", a dit le ministre britannique devant les journalistes.

"J'encouragerais fortement les partis politiques à mener ces élections en ayant à l'esprit l'avenir de l'Irlande du Nord et, après ces élections, à rétablir un gouvernement de partenariat à la première occasion possible", a-t-il ajouté, appelant chacun à "rester ouvert au dialogue".

James Brokenshire avait assuré la veille que ces élections anticipées ne changeraient rien au calendrier du processus de séparation entre le Royaume-Uni et l'Union européenne, que la Première ministre britannique, Theresa May, entend lancer avant la fin mars.

Cette dernière a cependant tenté dans la journée une médiation de dernière minute pour sortir la province de l'impasse politique et éviter le retour aux urnes. Mais ses échanges téléphoniques avec Arlene Foster et Martin McGuinness n'ont pas permis de trouver une autre solution.

Seul territoire britannique à avoir une frontière terrestre avec un Etat membre de l'UE (la République d'Irlande), l'Irlande du Nord a voté à 56% contre une sortie de l'Union européenne lors du référendum de juin dernier. Mais sur l'ensemble du Royaume-Uni, 52% des électeurs ont voté en faveur du Brexit.

La crise politique nord-irlandaise trouve son origine dans la faillite d'un mécanisme de subvention des énergies renouvelables. Aujourd'hui abandonné, le Renewable Heat Incentive (RHI) a coûté très cher aux finances publiques. Le Sinn Féin réclamait la démission d'Arlene Foster pour faciliter une enquête ouverte sur cet échec. Cette dernière a accusé ses partenaires de chercher à politiser l'affaire.

Martin McGuinness, qui n'a pas encore dit s'il conduirait de nouveau le Sinn Féin aux urnes, a laissé entendre que les élections anticipées pourraient ouvrir une longue période de renégociation des termes du gouvernement de partage du pouvoir issu des accords de paix de 1998.

Une incapacité à former un nouvel exécutif pourrait conduire à une suspension des institutions politiques de la province, une première depuis quinze ans, et ramener l'Irlande du Nord sous administration directe de Londres.

James Brokenshire a indiqué qu'il ne l'envisageait pas et a refusé de spéculer sur la durée des négociations post-électorales. (avec Padraic Halpin à Dublin et William James à Londres; Henri-Pierre André pour le service français)