PARIS (awp/afp) - Les chiffres de l'emploi américain en avril constitueront le point fort de la semaine prochaine pour la Bourse de Paris et ses voisines européennes qui pourraient néanmoins profiter de plusieurs jours fériés pour respirer.

Car même si les places boursières ne fermeront pas leurs portes le jeudi de l'Ascension, cette journée fériée dans de nombreux pays les privera de pas mal d'intervenants. La Bourse de Londres sera pour sa part fermée lundi.

Les investisseurs les plus assidus seront néanmoins récompensés par un chiffre de tout premier plan en plein coeur du pont, avec le rapport mensuel sur l'emploi américain en avril publié vendredi.

"La semaine prochaine le rendez-vous important sera l'emploi américain, avec le risque d'une réaction en deux temps, vendredi pour les investisseurs présents et le lundi suivant au retour de tous les opérateurs", résume Isabelle Enos, directrice adjointe de la gestion de B*Capital (BNP Paribas).

Les investisseurs n'attendent pas de mauvaises surprises car le marché du travail américain affiche une progression solide ces derniers mois.

"Nous n'avons pas d'inquiétude pour le taux de chômage qui atteint des niveaux très confortables", explique David Kalfon, président de la société de gestion Amaïka Asset Management. Mais, poursuit-il, il sera intéressant de prendre connaissance du taux de participation et de l'évolution des salaires "actuellement en phase d'accélération".

Avant cette échéance clé, les investisseurs auront dès lundi les chiffres ISM d'activité dans le secteur manufacturier aux États-Unis en avril à se mettre sous la dent.

- le pétrole passe au second plan -

"L'ISM manufacturier et l'emploi seront déterminants pour savoir si l'économie américaine reste solide ou s'il y a des à-coups comme en début d'année", surtout dans la foulée de la réunion de la Réserve fédérale américaine qui s'est tenue cette semaine, souligne Mme Enos.

L'institution a décidé à cette occasion de continuer à attendre avant de remonter ses taux directeurs, en arguant d'une croissance économique aux États-Unis ralentie. Mais tout en affichant sa prudence, elle s'est montrée plus optimiste sur les perspectives en assurant dans son communiqué que l'activité allait "croître de façon modérée".

"Nous avons l'impression que la Fed ne croit pas beaucoup à ce ralentissement. La croissance est certes un peu faible mais elle est contrebalancée par un marché du travail toujours solide. Et il y a une série d'éléments qui vont plutôt dans le sens d'une accélération au 2e trimestre", analyse M. Kalfon.

Et selon lui, même si "la Fed a décidé de se laisser la porte ouverte pour agir au mois de juin, une remontée des taux semble difficilement envisageable une semaine avant le référendum au Royaume-Uni" sur une sortie de l'Union européenne, relève-t-il.

Au final, cette réunion n'a eu qu'un effet limité sur les marchés, contrairement à la déception suscitée par son homologue japonaise.

"Il y avait des attentes très fortes mais la Banque du Japon (BoJ) a choisi le statu quo", rappelle Mme Enos.

A la réunion précédente, l'institution avait déjà pris les marchés à contre-pied, or "quand une banque centrale commence à surprendre les marchés, ce n'est jamais bon signe", note M. Kalfon.

Selon les deux experts, un des éléments les plus positifs de la semaine a été que les investisseurs ont pris du recul face aux évolutions des cours du pétrole.

"Normalement quand le pétrole baisse, cela pénalise 10% de la population et des entreprises, or depuis le début de l'année quand les cours du brut refluaient, tout reculait significativement", observe M. Kalfon.

Parallèlement sur le plan microéconomique, la saison des résultats a continué à battre son plein et elle devrait suivre son cours la semaine prochaine aussi avec en particulier au programme Royal Dutch Shell à Londres, Veolia, Legrand ou Air France à Paris, ainsi que Commerzbank, BMW, Lufthansa ou Siemens à Francfort.

Et comme le souligne Mme Enos: "cette période de publications d'entreprises permet de remettre les pendules à l'heure après les exagérations qui ont caractérisés les marchés au premier trimestre" en fournissant aux investisseurs des éléments tangibles sur l'état des entreprises.

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