* Les Espagnols aux urnes dimanche pour la deuxième fois en six mois

* Les bureaux de vote ouvrent à 07h00 GMT, sondages sortis des urnes à 18h00 GMT

* Aucune majorité ne de dessine au Parlement

* La montée en puissance de Podemos pourrait permettre une sortie de l'impasse

* Des doutes sur la participation et les conséquences du "Brexit" viennent se rajouter aux incertitudes

par Julien Toyer

MADRID, 26 juin (Reuters) - La formation anti-austérité Unidos Podemos devrait enregistrer une progression sensible lors des élections législatives organisées ce dimanche en Espagne, ce qui serait un nouveau coup porté aux partis traditionnels européens, déjà ébranlés par le choix des Britanniques de quitter l'Union européenne.

Les électeurs espagnols électeurs sont à nouveau appelés aux urnes, six mois après qu'un précédent scrutin législatif n'a pu aboutir sur la formation d'une coalition gouvernementale, les partis traditionnels - le parti populaire (PP) et le Parti socialiste espagnol (PSOE) - ayant été bousculés par les nouveaux venus que sont Unidos Podemos et le centriste Ciudadanos.

Les derniers sondages semblent suggérer que le parlement issu des élections de ce dimanche sera tout aussi fragmenté que le précédent, aucun des quatre grands partis et des six formations régionales n'était susceptible de s'imposer dans un parlement composé de 350 sièges.

Le parti conservateur PP devrait conserver son rang de première formation politique du pays, avec environ 120 sièges. Mais Ciudadanos ("Citoyens"), son partenaire de coalition le plus évident, ne devrait en remporter qu'une quarantaine, les laissant assez loin des 176 nécessaires pour obtenir la majorité absolue.

La montée en puissance annoncée d'Unidos Podemos ("Ensemble nous pouvons"), une coalition anti-austérité emmenée par Podemos, pourrait, sur le papier, offrir une voie de sortie.

En combinant les quelque 90 sièges qu'elle devrait gagner aux 80 que devrait obtenir le PSOE, une majorité absolue est en vue. Avec le soutien de quelques partis régionaux, la voie à la constitution d'une coalition gouvernementale sera ouverte.

Nombre d'analystes pensent cependant que le PSOE, fondé il y a 137 ans, préférerait former une "grande coalition" avec le PP de l'actuel Premier ministre Mariano Rajoy, voire soutenir un gouvernement PP minoritaire plutôt que de s'associer à un parti qui menace son existence.

L'INCONNUE DE L'ABSTENTION

S'inspirant de la Grèce, où le parti de la gauche radicale Syriza du Premier ministre Alexis Tsipras a relégué les socialistes du Pasok au rang d'observateurs, Pablo Iglesias, le dirigeant de la coalition Unidos Podemos, espère affaiblir considérablement le PSOE et le priver de toute chance de diriger un gouvernement.

Après le vote, jeudi, des Britanniques en faveur d'une sortie de l'Union européenne, Alexis Tsipras et Pablo Iglesias ont appelé à une refondation de l'Union européenne, basée sur un fonctionnement démocratique améliorée, la protection sociale et la solidarité.

"C'est (le Brexit) une mauvaise nouvelle pour l'avenir de l'Europe. Nous sommes préoccupés par la décision du peuple britannique. Et nous pensons que nous devons reconstruire une autre idée de l'Europe, basé sur les droits sociaux et les droits de l'homme", a dit vendredi à des journalistes Pablo Iglesias à la fin de la campagne.

Il était difficile de mesurer à ce stade l'impact du Brexit sur le scrutin espagnol. Certains analystes pensent que cela incitera les électeurs à jouer la "carte de la sécurité", en votant soir pour le PP soit pour le PSOE.

D'autres disent au contraire que le choix des Britanniques de sortir de l'UE pourrait accentuer la défiance des Espagnols vis-à-vis des élites traditionnelles et donc favoriser Podemos.

Il y a également des interrogations sur la participation, certains anticipant le taux d'abstention le plus élevé depuis le retour à la démocratie dans le pays dans les années 1970. (Benoit Van Overstraeten pour le service français)