* Le détail des prévisions: reuters://realtime/verb=Open/url=cpurl://apps.cp./Apps/fx-polls?RIC=EUR=

* La demande de dollar compensera l'attentisme de la Fed

* L'euro attendu à $1,08 dans trois mois, $1,07 dans un an

* Le scénario d'une baisse du yen toujours privilégié

* Baisse de taux de la BoE avant septembre

* Le sterling devrait se déprécier encore, vu à $1,27 dans un an

par Rahul Karunakar

5 juillet (Reuters) - Le dollar s'appréciera au cours des douze prochains mois, bénéficiant de son statut de valeur-refuge après la décision d'une majorité de Britanniques de quitter l'Union européenne qui a pourtant éloigné encore la perspective d'un nouveau relèvement des taux directeurs par la Réserve fédérale, montre une enquête mensuelle réalisée par Reuters auprès de prévisionnistes.

Le Brexit a renforcé la probabilité d'assouplissements monétaires supplémentaires par de grandes banques centrales afin d'éviter un risque de ralentissement de la croissance mondiale, dont de nombreux économistes estiment qu'il pourrait conduire la Fed à renoncer à toute hausse de taux cette année.

Le résultat du référendum du 23 juin a entraîné un décrochage de la livre sterling, tombée mardi à un plus bas de 31 ans et profité aux traditionnelles valeurs-refuges comme l'or, certaines autres devises - dollar, yen et franc suisse - mais aussi les emprunts d'Etat.

L'enquête conduite auprès de 70 stratèges sur les changes donne des conclusions comparables à celles tirées du positionnement des investisseurs sur les marchés dérivés où ils ont renforcé leurs paris à la hausse du dollar contre l'euro et le sterling.

"Les conséquences du référendum sur le Brexit tiennent le marché des changes en haleine. L'incertitude après le vote en faveur du Brexit jette aussi un doute sur l'action à venir de la Fed", écrit Ulrich Leuchtmann, responsable de la recherche sur les changes de Commerzbank.

"Les marchés financiers ont désormais exclu des hausses de taux de la Fed dans un avenir prévisible, ce qui est pour l'instant compensé sur le marché des changes par la demande de dollar pour sa dimension de valeur-refuge."

La médiane des prévisions des stratèges interrogés donne l'euro à 1,10 dollar dans un mois contre 1,1130 mardi, puis à 1,08 dans trois mois et 1,07 dans un an.

Ces anticipations sont les plus basses depuis mars et le nombre de stratèges qui s'attendent à un affaiblissement de la monnaie unique européenne a augmenté par rapport à l'enquête du mois dernier, ce qui reflète les attentes d'un nouvel assouplissement monétaire par la Banque centrale européenne.

La hausse du yen, qui s'est apprécié de près de 15% contre le dollar depuis le début de cette année, nourrit aussi les spéculations sur de nouvelles mesures d'accommodation monétaire par la Banque du Japon.

Le yen qui s'apprécie généralement dans les périodes de turbulences sur les marchés financiers pourrait se renforcer encore en cas de regain de l'aversion au risque.

Pourtant, les experts interrogés s'en tiennent à leur scénario d'un affaiblissement de la monnaie nipponne, principalement en raison de leur optimisme sur le dollar.

La devise japonaise, qui s'échange à 101,9 pour un dollar mardi, se déprécierait à 103,0 dans trois mois, puis 105 dans six mois et 108 dans un an.

Le vote en faveur du Brexit a bouleversé les prévisions sur la livre et les taux britanniques, une baisse des taux, d'un quart de point à 0,25%, par la Banque d'Angleterre (BoE) d'ici septembre étant désormais attendue. La plupart des économistes interrogés par Reuters pensent que le taux d'intervention de la BoE restera à 0,25% jusqu'à la fin de 2017.

Le sterling devrait poursuivre sa glissade jusqu'à 1,27 dollar dans un an contre 1,31 dollar mardi. Les prévisions s'inscrivent dans une fourchette très large, de 1,07 à 1,57 dollar à un an, illustrant les risques liés au Brexit.

Une large majorité de prévisionnistes (49 sur 54) n'anticipent pas que le Brexit débouche sur une nouvelle crise financière internationale.

"C'est certainement beaucoup plus probable", prévient toutefois Foged Schmidt, analyste de Jyske Bank.

"Le Brexit, c'est une première étape. D'autres étapes vers la crise ne sont en rien certaines mais plus nous avançons vers le pire, plus la probabilité d'une crise de plus grande ampleur se renforce. Pour l'instant, cela n'est pas notre scénario central, mais simplement un scénario risqué qui est devenu beaucoup plus vraisemblable."

(Marc Joanny pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)