Depuis le début de la semaine, la "une" de Zonebourse est tapissée de papiers sur les difficultés de l'économie chinoise. A tel point qu'à un moment, je me suis dit "mon gars, ça commence à ressembler furieusement à un média qui hurle avec les loups, il faut faire quelque chose". L'équipe s'est donc employée à diversifier le contenu, ce qui vous a peut-être permis de découvrir la dernière vidéo de Xavier sur les citations boursières, la présentation d'un distributeur européen atypique par Adrien ou le décryptage de l'avis d'Aswath Damodaran sur Nvidia par Tommy.

Pour autant, ce sont bien les déboires de la seconde économie mondiale qui suscitent actuellement le plus de craintes dans les milieux financiers. En Chine, deux limites sont atteintes simultanément ou presque. Une réalité structurelle d'abord, avec un pays qui arrive à la fin d'un cycle exceptionnel, qui lui a permis de combler une partie du retard économique accumulé sur le monde occidental. Il est maintenant confronté à des problématiques que la fuite en avant ne peut plus masquer : vieillissement de la population, dette, écarts de richesse croissants, etc. Ensuite, des fêlures que la croissance effrénée masquait jusqu'ici. En particulier dans le système financier et immobilier, gangrené depuis des années. D'où les gros titres de l'été avec les difficultés des plusieurs promoteurs, et désormais d'institutions financières, à honorer leurs engagements auprès de leurs créanciers et de leurs clients. Tout ça n'inspire pas une grande confiance, ce qui laisse penser que la Chine occupera encore le haut de l'affiche dans les semaines à venir. Il va falloir se montrer créatif pour ne pas continuer à se laisser happer par cette actualité envahissante.

A ce titre, la banque centrale américaine a offert hier soir une forme de diversion, qui n'a pas vraiment déridé le marché. La Fed a publié le compte rendu de sa dernière réunion de politique monétaire, celle de la fin du mois de juillet. On peut y lire que la plupart des participants continuent de voir des risques significatifs à la hausse pour l'inflation, et qu'ils pensent qu'une poursuite de la hausse des taux sera peut-être nécessaire. Il y a toujours plein de conditionnel, comme il se doit, mais les investisseurs ont trouvé la posture un peu plus conservatrice que ce qu'ils avaient envisagé. En réalité, la Fed continue à surjouer son rôle de père fouettard, pour la simple et bonne raison qu'une menace de hausse de taux peut avoir autant de valeur et moins de conséquences qu'une hausse de taux elle-même. Le marché pense toujours que la banque centrale ne touchera pas à ses taux en septembre, mais n'est pas très sûr qu'il n'y aura pas de nouveau tour de vis d'ici la fin de l'année.

Comme je l'ai déjà rabâché deux fois depuis le début de la semaine, le marché obligataire a une autre lecture. Le taux de la dette à 10 ans des Etats-Unis flirte avec 4,30%, au plus haut depuis le mois d'octobre dernier. Cela ne préfigure pas forcément de nouvelles hausses de taux agressives, mais cela induit a minima un maintien de taux élevés plus longtemps que ce que pense le marché action. Plus clairement, le temps de l'argent gratuit ne devrait pas faire son retour à court terme.

Pour le moyen terme, je vous renvoie à un papier publié dans le Wall Street Journal hier, dans lequel James Mackintosh rappelle que ça ressemble surtout à un retour à la normale pour le marché obligataire. En période classique, que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître et que les autres ont plus ou moins oublié, le rendement du T-Bond 10 ans naviguait dans la zone des 4%, ce qui correspondait à peu près à la somme de l'objectif d'inflation (2%) et de 2% de rendement réel (soit peu ou prou le niveau de la croissance économique). Mackintosh écrit qu'avec un rendement réel actuel de 1,9% (c'est le niveau des TIPS US, les obligations protégées contre l'inflation) et 2,4% d'inflation projetée à long terme, on retombe autour du rendement de 4,2% / 4,3% du 10 ans. Exprimé autrement, le marché obligataire pense que l'ère des taux ultra-faibles est révolue, en tout cas pour le moyen terme. Ce qui pose évidemment pas mal de questions sur les articulations d'une architecture économique (capital-risque, endettement public et privé…) rebâtie sur l'argent gratuit.

La combo Chine / Fed a fait quelques dégâts hier avec des indices majoritairement baissiers. Ce matin, c'est pas fifou comme dirait numéro deux à la maison entre une série Netflix et une séance de faux ongles. Tout le monde recule en Asie, avec des replis voisins de 0,5% en Chine, en Corée et au Japon, et un peu plus en Australie. Hong Kong perd 0,6% au moment où ces lignes sont écrites, avec un Hang Seng qui a perdu 21% sur pics de janvier dernier, ce qui constitue un marché baissier selon la définition classique. Comme les emmerdes volent souvent en escadrille, pour emprunter l'expression popularisée par feu-Jacques Chirac, les mauvaises nouvelles s'accumulent en Chine : les données du secteur privé laissent penser que le marché immobilier est bien plus dégradé que ce que laissent entendre les statistiques officielles, le promoteur China Evergrande est sous le coup d'une nouvelle enquête du régulateur et un gros acteur du financement non-bancaire chinois aurait lancé des consultations pour restructurer une dette insoutenable. Et puisqu'on y est, la PBOC a procédé hier à la plus importante injection de liquidités dans le système financier des six derniers mois tout en défendant le yuan. Vous voyez, même sans le vouloir, je renforce le catastrophisme ambiant sur la Chine.

Les indicateurs avancés européens sont baissiers, tandis que les futures américains sont hésitants, mais il reste pas mal de temps pour que les choses évoluent avant l'ouverture de Wall Street. D'ici là, quelques publications d'entreprises occuperont le terrain, en parallèle de rumeurs d'opérations financières, puisque BAE Systems aurait des visées sur une division de Ball et qu'ArcelorMittal pourrait se lancer dans la lutte pour le rachat d'United States Steel. Le CAC40 a démarré la séance en baisse de 0,4% à 7230 points. Le SMI cédait 0,5% à 10 932 points. 

Les temps forts économiques du jour

Aux Etats-Unis, les inscriptions hebdomadaires au chômage et l'indice de la Fed de Philadelphie seront disponibles à 14h30. Tout l'agenda ici.

L'euro recule à 1,0866 USD. L'once d'or descend à 1893 USD. Le pétrole reste sous pression, avec un Brent de Mer du Nord à 83,51 USD le baril et un brut léger américain WTI à 79,38 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans reste scotché à 4,29%. Le bitcoin s'échange autour de 28 640 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Air liquide : Morgan Stanley reste à pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 148 à 153 EUR.
  • Alcon : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 78,60 CHF.
  • Alstom : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours relevé de 22,50 à 24 EUR.
  • Aumann : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 21 EUR.
  • Avantium : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 4,70 à 4,40 EUR.
  • Barry Callebaut : Vontobel reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 2000 à 1600 CHF.
  • Carl Zeiss : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 110 à 100 EUR.
  • Demant : Carnegie restent à l'achat avec un objectif de cours relevé de 330 A340 DKK.
  • EON : HSBC passe de conserver à acheter en visant 13 EUR.
  • Gaztransport & Technigaz : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 137 à 139 EUR.
  • LEG Immobilien : HSBC reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 100 à 85 EUR.
  • LondonMetric : J.P. Morgan reprend le suivi à surpondérer en visant 225 GBp.
  • Sanofi : Citigroup reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 110 à 138 EUR.
  • Scout24 : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 70 à 77 EUR.
  • Siemens Energy : LBBW passe de vendre à conserver en visant 14 EUR.
  • Sitowise : Inderes passe d'accumuler à acheter en visant 5 EUR.
  • SMA Solar : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 110 à 85 EUR.
  • Sodexo : Bernstein maintient sa recommandation à performance de marché avec un objectif de cours relevé de 99 à 100 EUR.
  • Straumann : Morgan Stanley reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 112 à 121 CHF.
  • Symrise : Bernstein reste la performance de marché avec un objectif de cours relevé de 102 à 107 EUR.
  • TotalEnergies : Cowen reste à performance de marché avec un objectif de cours réduit de 55 à 53 EUR.
  • Vallourec : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 16 à 17 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • ArcelorMittal s'intéresse à son tour à United States Steel, selon plusieurs sources, alors que le groupe est courtisé par Cleveland-Cliffs (offre de 7,3 Mds$) et Esmark (offre de 7,8 Mds$).
  • TotalEnergies annonce l'arrivée au Liban d'une plateforme d'exploration gazière et d'un hélicoptère.
  • Le trafic total du groupe Aéroports de Paris en hausse de 16,4% à 34,2 millions de passagers en juillet.
  • La FDA américaine approuve le médicament d'Ipsen contre les maladies osseuses rares.
  • Valneva obtient une facilité de prêt supplémentaire de 100 M$.
  • Crypto-Blockchain Industries signe un accord avec Cardiff FC.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : personne…

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Adyen publie des marges inférieures aux attentes.
  • Cisco gagne 2% hors séance après ses trimestriels.
  • DocMorris reste dans le rouge au premier semestre.
  • Embracer publie des résultats plus faibles que prévu mais maintient ses perspectives.
  • Geberit affiche des résultats semestriels en baisse.
  • ITM Power affiche une perte plus importante pour l'exercice 2023 et un chiffre d'affaires en baisse.
  • Meyer Burger creuse sa perte au premier semestre.
  • Siegfried relève ses objectifs.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures