Esso, filiale du géant américain ExxonMobil, a annoncé ce jour céder ses activités de raffinage et de logistique du sud de la France à la société Rhône Energies. Rhône Energies est un consortium composé du géant Trafigura, spécialisé dans la fourniture d'énergie et la commercialisation de pétrole, et d'Entara LLC (une société d'infrastructures énergétiques, spécialisée dans l'optimisation des raffineries)

L'opération, qui devrait être réalisée d'ici la fin de l'année et dont le montant n'a pas été dévoilé, comprend la raffinerie de Fos-sur-Mer et deux dépôts (Toulouse et Villette de Vienne), et prévoit le transfert d'environ 300 salariés vers l'acquéreur. 

Par cette cession, Esso dit vouloir préserver la compétitivité de ses opérations, et assure poursuivre sa mission d'approvisionnement dans le reste de l'hexagone, notamment via sa raffinerie de Gravenchon (Seine-Maritime). Notons qu'Exxon a annoncé en parallèle fermer l'activité chimie de l'usine de Gravenchon, qui produisait des alcènes pour l'industrie du plastique. 

Une compétitivité pourtant solide 

En mars dernier, nous annoncions dans nos pages la publication des résultats annuels du groupe français, et son intention de verser un dividende exceptionnel de 12 euros, en plus du dividende ordinaire de 3 euros, au titre de 2023. L'exercice écoulé avait été marqué par une solide performance opérationnelle, dans un contexte de repli mondial des marges de raffinage. 

Le groupe publiait un résultat opérationnel annuel de 884 M€ (contre 700 M€ en 2022), ainsi qu'un EBITDA ajusté de 964 millions en 2023, contre 782 millions en 2022. 

Du côté de la performance boursière, Esso n'a rien non plus à envier à ses petits camarades. Après avoir touché un plus bas en 2020, et oscillé dans un range compris entre 40 et 65 euros entre avril 2022 et fin 2023, l'action a opéré un formidable rebond cette année, pour s'offrir plus de 180% de gain depuis le 1er janvier ! Dont un saut de 80% au cours des 3 dernières semaines. Manifestement, certains ont eu le nez creux, ou de bonnes informations. 

Un contexte favorable et porteur 

Notons qu'il ne reste plus que 8 raffineries en France, dont une outre-mer, que leur nombre  a été divisé par plus de 2 en 30 ans, et que l'hexagone compte aujourd'hui moins de sites de raffinage qu'au tout début des années 1980. La moitié des exploitations représente plus de 98 % de la capacité nationale de raffinage.

La raffinerie de Fos-sur-Mer se targue d'une capacité de traitement de 140 000 barils de brut par jour, de frais d'exploitation compétitifs par rapport à ses homologues et d'un accès direct à la mer. L'installation se place par ailleurs dans le quinté de tête en matière de production annuelle. 

Si les marges de raffinage ont été affectées en 2023 par l'inflation générale, elles devraient profiter de nouveau de la hausse des prix des carburants et du baril. En 2022, avec l'envolée des prix à la pompe, les marges touchaient des records, étant multipliées par 7, 10 ou parfois 12 par rapport à 2021. 

Le tassement récent de l'inflation et le retour du Brent et du WTI dans la zone des 90 dollars devrait donc, en toute vraisemblance, soutenir l'activité de raffinage.