Après avoir récemment replongé sous 1.0650 CHF au plus haut du Franc cette année, la devise européenne s’attaque désormais pour la première fois au trou de cotation béant provoqué par la décision controversée d’interrompre brutalement un arrimage mis en place à l’été 2011. Un scénario peu crédible il y a encore moins d’une semaine.

En conséquence, de forts soupçons pèsent logiquement sur la BNS quant à cette forte accélération de la dégringolade de sa monnaie. Après avoir déjà écorné sa crédibilité il y a deux ans et demi, la prestigieuse institution poursuit ouvertement une politique monétaire ultra-interventionniste caractérisée par un taux directeur négatif (-0.75%), le plus faible des principales grandes zones économiques à travers le monde. Son président Thomas Jordan multiplie par ailleurs les sorties offensives, dénonçant inlassablement une surévaluation du Franc.

La santé de la Confédération dépend fortement du commerce extérieur et un Franc faible encourage les exportations.

La BNS pourrait donc avoir une nouvelle fois participé à la dévaluation de sa monnaie, amplifiant une tendance globale en pesant lourd dans les carnets d’ordres, bénéficiant de volumes de transaction amoindris en période estivale, en particulier pendant les séances asiatiques, et profitant enfin du déclenchement d’une concentration massive de stops au-dessus de 1.12 CHF, seuil technique majeur.

Devant sa plateforme de trading, mieux vaut toujours éviter d’agir avec la foule. Hors, plus de 90% des investisseurs particuliers, majoritairement perdants sur les marchés, parient toujours sur une baisse de la parité EUR/CHF à court terme, signe que la tendance n’a probablement pas encore atteint son niveau de maturité.

Du côté de la vraie vie, sentant la fin du bal approcher, nos milliers de frontaliers font ainsi déjà grise mine dans l’habitacle des centaines de voitures quotidiennement coincées au passage obligé des douanes franco-suisses. Ce matin, avant même de garer leur véhicule, dans la plupart des cas sur le parking d’une grande entreprise genevoise ou bâloise, plusieurs d’entre eux avaient déjà pris conscience en écoutant la radio de l’échéance imminente d’une situation très exceptionnelle, d’un contexte qui n’avait absolument rien de normal.

A contrario, les résidents suisses travaillant dans l’hexagone pourraient commencer à se frotter les mains, mais en raison de l’importante différence de salaire entre les deux pays, ces moutons à cinq pattes ne courent pas vraiment les rues de l’Est de la France.