La question du relèvement des Taux US
 
J.C TRICHET, sans donner sa position sur le relèvement des taux, insiste toutefois sur la nécessaire indépendance de la FED fustigeant par la même tous ces « bons conseillers autoproclamés ». Il en va de « la crédibilité de la politique monétaire » et rappelle également qu’il n’est pas de la prérogative ni du FMI ni de la Banque Mondiale de s’immiscer dans ce genre de prise de décision. Des propos durs et tranchants, à deux jours de l’annonce d’une décision importante, sur le possible relèvement des taux directeurs aux Etats-Unis.
 
Ces propos font échos à ceux de la Directrice Générale du FMI, Christine LAGARDE, qui estimait en juin qu’attendre un peu plus n’allait pas nuire ni à la santé, ni à la croissance économique mondiale : « Le FMI pense qu’il est préférable de s’assurer que les indicateurs économiques sont absolument confirmés, qu’il n’y a aucune incertitude, ni sur le front de la stabilité des prix, ni sur le front de l’emploi et du chômage, avant que la FED prenne effectivement cette initiative ». Christine LAGARDE vise implicitement la tourmente estivale sur les marchés avec la détérioration de l’économie chinoise, la crise grecque ou encore les perspectives d’emprunts plus élevés.
 
Janet YELLEN n’a pas réagi à ces propos mais rappelons que la FED ne peut communiquer durant les jours précédents une réunion du FOMC. Il en ira donc de la libre appréciation in fine de la directrice et des membres de la FED sur un relèvement des taux directeurs dès septembre. Une possibilité ménagerait néanmoins les uns et les autres: un relèvement des taux de 0,25 point en septembre tout en précisant aussitôt que la prochaine hausse ne se produira pas avant 2016.
 
 
Point de vue de J.C TRICHET sur la zone euro
 
Partageant également son sentiment sur l’économie de la zone euro, J.C TRICHET considère que la monnaie unique « retombe sur ses pieds ». Le risque souverain disparait progressivement, la croissance revient en Espagne, au Portugal et en Irlande notamment. Le dossier grec reste un cas particulier mais le travail le plus complexe est fait selon lui et les ajustements en termes de croissance et créations d’emploi sont en train de porter leurs fruits.
 
D’autre part, un nouvel assouplissement monétaire initié par la BCE ne devrait pas non plus être une surprise pour J.C TRICHET rappelant par ailleurs que « depuis le lancement du Quantitative Easing, il a été clairement défini une échéance à septembre 2016 voire au-delà si la nécessité l’exigeait ». Début septembre, la BCE avait effectivement abaissé sa perspective d’inflation et laissé la porte ouverte à une éventuelle extension de son programme d’achat d’obligations fixé à un niveau de 60 milliards d’euros par mois actuellement.
 
Concernant l’euro, l’ancien directeur de la BCE juge également que le niveau des cours actuels de la devise européenne aux alentours des 1.13 USD est approprié permettant ainsi la dynamique de croissance actuelle de l’Europe. Cependant, une hausse prochaine des taux et la politique monétaire accommodante de la BCE rendrait le dollar plus rémunérateur et plus attractif face aux autres devises, ce qui pourrait à terme ramener l’euro/dollar en direction de la parité.