Obstfeld arrive dans un contexte de transformation du Fonds Monétaire Internationale : le FMI, auparavant fervent défenseur de l’austérité, a changé de philosophie depuis 2012 en faveur de politiques de relance keynésiennes. En effet, le FMI reconnait avoir sous-estimé les multiplicateurs budgétaires, et donc avoir sous-estimé l’impact des mesures d’austérité en récession. Ce dernier a même incité en 2014 les gouvernements à opérer d’importants investissements en infrastructures et ce malgré des niveaux de dette considérables.
 
Pourquoi lui ?

Spécialiste des taux change, des crises financières internationales, des marchés financiers et des politiques économiques, Maurice Obstfeld arrive aussi dans une conjoncture économique cruciale : hausse des taux directeurs américains en 2015, problématique grecque, ralentissement économique chinois…

Obstfeld possède une renommée internationale : Professeur d’économie à l’université de Berkeley,  il a écrit deux livres qui servent de référence en macroéconomie, l’un avec le prix Nobel Paul Krugman et l’autre avec Kenneth Rogoff, un ancien chef économiste du FMI.

Expert en politiques économiques internationales, il est le plus à même de comprendre comment les modifications de la politique monétaire américaine affecteront les autres économies mondiales. Il gardera donc un œil sur la hausse des taux directeurs américains et prêtera assistance aux marchés émergents qui vont être fortement bousculés par cette hausse des taux.
Il a toujours été en faveur d’un renforcement de l’intégration européenne et reste formellement opposé au scénario du « Grexit ». Maintenant que ce dernier est éloigné, Obstfeld saura influencer les européens à accroître leur intégration afin d’éviter une répétition des événements. Il prône la création d’une véritable union bancaire et s’exprime en faveur d’une intégration fiscale plus poussée.

C’est aussi un spécialiste en matière de crises financières internationales, il saura donc conseiller sur les potentielles retombées d’une décélération de la seconde économie mondiale. En effet, le futur chef économiste du FMI a été un conseiller plusieurs années auprès de la banque centrale japonaise, il a donc une grande expérience en matière de déficits et il est donc susceptible de pouvoir gérer le problème des déficits structurels des pays développés.

Quels défis devra-t-il surmonter ?

Obstfeld devra être capable de gérer les conséquences du maintien des taux d’intérêts américains très faibles sur le long terme et d’une affluence de liquidité inégalée. Il devra donc parvenir à s’adapter à la nouvelle donne économique que produira le changement de la politique monétaire de la FED.

C’est un fervent défenseur d’un renforcement de la gouvernance économique mondiale. Il va donc essayer de la promouvoir lors de son mandat au FMI, ce qui inclurait une meilleure coordination entre les banques centrales et une plus forte coopération pour le management des banques insolvables et des débiteurs souverains.

Il devra aussi superviser le nouveau plan de sauvetage grec (le FMI est aujourd’hui fortement impliqué dans la crise de la dette grecque).

Sa mission principale restera d’éviter l’apparition de nouvelles crises financières, qu’elles soient globales ou localisées.