PARIS, 1er mars (Reuters) - Les nuages n'ont cessé de s'accumuler au-dessus de François Fillon, au coeur d'une information judiciaire sur des emplois potentiellement fictifs occupés par son épouse et deux enfants du couple, depuis de premières révélations fin janvier.

Voici la chronologie des événements : * La principale affaire, celle des emplois de Penelope Fillon, démarre le MARDI 24 JANVIER avec des révélations du Canard enchaîné sur des rémunérations perçues par l'épouse du candidat, pendant huit ans au titre d'attachée parlementaires et pendant 20 mois comme collaboratrice à la Revue des deux mondes.

L'hebdomadaire dit ne pas avoir trouvé la trace des activités exercées en contrepartie de ces rémunérations, dont un demi-million d'euros bruts pour son rôle d'assistante auprès de son époux puis de son suppléant. * Devant la polémique naissante, François Fillon s'exprime pour la première fois le MERCREDI 25 JANVIER en dénonçant la "misogynie" du Canard enchaîné : "Alors parce que c'est mon épouse, elle n'aurait pas le droit de travailler?"

Le même jour, le Parquet national financier (PNF) ouvre une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits. * Le JEUDI 26 JANVIER, François Fillon se défend au journal de 20-Heures de TF1: il assure que le travail de son épouse était "réel", révèle qu'il a également embauché deux de ses enfants pour des "missions précises" lorsqu'il était sénateur et fait savoir qu'il se retirera en cas de mise en examen. * LE VENDREDI 27 JANVIER, Alain Juppé, battu au second tour de la primaire de novembre 2016, exclut d'être un recours dans l'hypothèse d'un retrait de l'ex-Premier ministre.

Le même jour, la presse révèle que le fils et la fille de François Fillon n'étaient pas avocats en 2005-2007 lorsqu'ils ont travaillé au service de leur père, contrairement à ce que celui-ci a laissé entendre la veille sur TF1. * Le Journal du dimanche publie le DIMANCHE 29 JANVIER les éléments d'une deuxième affaire : l'hebdomadaire fait état de chèques qu'aurait reçus François Fillon pour un montant total de 21.000 euros, puisés dans une caisse noire du Sénat, entre 2005 et 2007. * Le LUNDI 30 JANVIER, l'enquête sur le "Penelopegate", comme l'a baptisé une partie de la presse, s'accélère avec l'audition du candidat et de son épouse, pendant environ cinq heures, à l'abri des caméras de télévision. * Nouvelle accélération de l'enquête le MARDI 31 JANVIER, avec une perquisition effectuée à l'Assemblée nationale, en particulier dans le bureau de l'ancien chef du gouvernement.

A l'origine de la tempête, le Canard enchaîné revoit ses premiers chiffres à la hausse: le salaire brut de l'épouse du candidat comme attachée parlementaire s'élèverait à 830.000 euros, et non à 500.000 euros, auxquels s'ajoutent 100.000 euros pour la Revue des deux mondes.

Les enfants du couple ont par ailleurs perçu 84.000 euros pour leur collaboration auprès de leur père au Sénat, toujours selon le journal satirique. * Devant les parlementaires Les Républicains, François Fillon accuse pour la première fois, Le MERCREDI 1er FÉVRIER, "le pouvoir" d'orchestrer un "coup d'Etat institutionnel" dirigé contre lui.

Les premières lézardes apparaissent aussitôt à droite : le député sarkozyste Georges Fenech juge le résultat de la primaire "caduc" et le juppéiste Philippe Gosselin exhorte le maire de Bordeaux à réfléchir à la possibilité de revenir dans le jeu.

Nouveau refus d'Alain Juppé, qui ne veut pas apparaître comme un "plan B".

* Le JEUDI 2 FÉVRIER, France 2 diffuse une interview, datant de 2007, dans laquelle l'épouse de François Fillon affirme n'avoir "jamais été son assistante, ou quoi que ce soit de ce genre-là". "Je ne m'occupe pas de sa communication", ajoute-t-elle dans cet entretien en anglais au Sunday Telegraph. * Contre-attaque le LUNDI 6 FÉVRIER : le député, dont la candidature semble plus que jamais menacée, organise une grande conférence de presse à son siège de campagne, durant laquelle il présente ses "excuses" pour avoir rémunéré son épouse et deux de ses enfants avec des fonds publics.

Il dit avoir commis une "erreur", mais rien d'illégal.

Cette explication de texte produit en partie l'effet escompté : les parlementaires les plus remuants, à commencer par Georges Fenech, rentrent momentanément dans le rang. * Deuxième étape de la contre-offensive, Le JEUDI 9 FÉVRIER, cette fois sur le terrain juridique: les avocats de François Fillon et de son épouse demandent au PNF de se dessaisir de l'enquête et jugent l'enquête "illégale". * Le MARDI 14 FÉVRIER, la fronde se réveille à l'initiative des mêmes parlementaires, réunis autour de Georges Fenech, qui font circuler un courrier exigeant la tenue d'un bureau politique des Républicains pour envisager les pistes possibles.

Mais François Fillon leur oppose une nouvelle fin de non-recevoir.

Le même jour, le Canard enchaîné rapporte qu'une enquête préliminaire pour suspicion de fraude fiscale a été ouverte par le parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine) à l'encontre de Thierry Solère, porte-parole de François Fillon. * Le JEUDI 16 FÉVRIER, le PNF fait savoir, après réception des premiers résultats de l'enquête préliminaire, qu'il écarte "en l'état" un classement sans suite de la procédure.

* Dans un entretien publié dans Le Figaro le SAMEDI 18 FÉVRIER, François Fillon dit son intention d'être candidat à l'élection présidentielle "jusqu'à la victoire", y compris dans l'éventualité d'une mise en examen. * Le VENDREDI 24 FÉVRIER, le PNF annonce l'ouverture d'une information judiciaire pour détournement de fonds publics, abus de biens sociaux, complicité et recel de ces délits, trafic d'influence et manquements aux obligations de déclaration à la Haute autorité sur la transparence de la vie publique.

* MERCREDI 1ER MARS, François Fillon révèle qu'il est convoqué le 15 mars en vue d'une possible mise en examen et réaffirme son intention de se maintenir coûte que coûte.

Cette décision entraîne une série de défections, à commencer par celle de Bruno Le Maire, qui annonce sa démission de ses fonctions de représentant pour les affaires européennes et internationales auprès de François Fillon.

Réunis à l'Assemblée nationale, les cadres de l'UDI (centre) choisissent de suspendre leur participation à la campagne en attendant une décision définitive la semaine suivante. (Elizabeth Pineau et Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)