(Avec rencontre avec Jean-Pierre Raffarin)

ORADOUR-SUR-GLANE (Haute-Vienne), 28 avril (Reuters) - E mmanuel Macron a fait vendredi une parenthèse symbolique de deux heures dans un entre-deux-tours d'élection présidentielle de plus en plus tendu, en visitant avec son épouse le village martyr d'Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne).

Le candidat d'En Marche ! a longuement déambulé dans les ruines conservées en l'état de l'ancien village, où 642 personnes, hommes, femmes et enfants, ont été massacrées par une unité de la division SS Das Reich, le 10 juin 1944.

"Je tenais, dans le cadre de cette campagne (...) et avant ce deuxième tour, à me rendre ici, à Oradour-sur-Glane, pour rendre hommage à ses victimes, à leurs familles et à une page importante et sombre de notre histoire", a-t-il déclaré à l'issue d'une réunion à la mairie du nouveau village.

"D'abord parce qu'oublier ou décider de ne pas se souvenir c'est prendre le risque de répéter l'histoire et les erreurs", a poursuivi l'ex-ministre de l'Economie, qui a également dit voir dans Oradour une volonté de "renaître", de "reconquérir" mais également de ne "jamais oublier".

"C'est ce visage de la France, avec toute sa mémoire, que je veux porter aujourd'hui", a-t-il ajouté.

Il a refusé d'aller plus loin dans le commentaire politique, mais cette visite hautement symbolique était de toute évidence destinée à marquer sa différence avec son adversaire du second tour, la candidate du Front national, Marine Le Pen.

Emmanuel Macron n'a eu de cesse ces derniers jours de ramener le FN et ses dirigeants aux racines du mouvement.

Il a poursuivi ce déplacement à Montmorillon, dans la Vienne, où il a rentrouver Jean-Pierre Raffarin, ténor du parti Les Républicains et régional de l'étape, qui a appelé à voter pour lui le 7 mai.

"Ce que nous voulons dans ce pays, c'est chasser les idées noires pour retrouver la confiance. Merci de ce que vous ferez pour le pays", lui a déclaré l'ancien Premier ministre.

Emmanuel Macron a pour sa part salué "l'esprit de responsabilité" des dirigeants de droite qui ont appelé à voter pour lui au second tour pour faire barrage au FN, dont Jean-Pierre Raffarin, à qui il a rendu hommage.

"Il a, par son histoire montré aussi sa capacité, sa volonté de rassembler, de travailler au-delà des clivages hérités", a-t-il dit à des journalistes. "Si je suis élu, je veux construire une action large pour porter les projets de manière pragmatique, loin de clivages qui, a mes yeux, ont moins de sens."

"Je ne suis pas quelqu'un de sectaire et je suis aussi lucide sur les conditions de mon élection", a-t-il ajouté.

Emmanuel Macron devait ensuite tenir meeting à Châtellerault, au coeur d'une région touchée par les restructurations économiques et les difficultés du monde rural. (Emmanuel Jarry, avec Pool, édité par Yves Clarisse)