Depuis la publication des données de janvier sur les hausses de salaires aux Etats-Unis, les craintes d'inflation ont significativement augmenté, observe Oliver Eichmann, co-responsable des investissements obligataires en zone EMEA chez Deutsche AM. Les risques inflationnistes ont ainsi été accusés d'être à l'origine de la récente correction des marchés actions. Cette explication est pourtant incomplète, estime le professionnel.

Les bons du Trésor américain à 10 ans ont certes bondi d'environ 90 points de base après être tombés à 2% en septembre 2017, mais la hausse des anticipations d'inflation n'a joué qu'un faible rôle dans ce phénomène. L'explication provient surtout de la hausse des rendements réels, qui reflètent les prévisions de croissance. La même explication s'applique aux obligations souveraines allemandes, précise Oliver Eichmann.

Selon lui, la hausse des rendements obligataires reflète une hausse de la croissance et non une hausse de l'inflation.

Moralité : il est important de ne pas exagérer l'importance des indicateurs économiques, notamment des données mensuelles sur l'évolution du salaire horaire aux Etats-Unis.

Comme l'avait souligné précédemment Deutsche AM, les anticipations d'inflation déduites du marché des obligations indexées à l'inflation ont régulièrement augmenté depuis plus de deux ans. Ceci est cohérent avec son scénario central d'une accélération modérée de l'inflation. Avec un marché du travail américain aussi dynamique, il était imprudent d'ignorer les risques d'inflation avant la récente correction du marché, mais il serait tout aussi imprudent d'attendre une accélération rapide dans un avenir proche.

Les anticipations d'inflation semblent désormais bien ancrées : en l'absence d'évolution, il est important de rester calme même si une certaine vigilance doit rester de mise.