(Actualisé avec citation, contexte)

BUENOS AIRES, 27 janvier (Reuters) - La présidente argentine Cristina Fernandez a présenté lundi un projet de loi prévoyant la dissolution d'un service de renseignement dont d'anciens agents sont soupçonnés dans la mort du procureur Alberto Nisman qui enquêtait sur l'attentat contre un centre communautaire juif en 1994 à Buenos Aires.

Le procureur Nisman a été retrouvé mort le 18 janvier dans son appartement du quartier de Puerto Madero quelques heures avant qu'il ne soit entendu par une commission parlementaire.

Il enquêtait sur l'attentat à la bombe contre le siège de l'Association mutuelle israélite d'Argentine qui avait fait 85 morts et plus de 200 blessés en juillet 1994.

Il avait accusé la présidente Cristina Fernandez d'avoir tenté de couvrir les preuves mettant en cause des Iraniens afin de renouer des relations diplomatiques et commerciales avec Téhéran.

Cristina Fernandez avait réagi en dénonçant une conspiration à son encontre. Le gouvernement argentin avait expliqué que cette affaire traduisait une lutte de pouvoir au sein du Secrétariat au renseignement (SI) et qu'elle concernait des agents récemment licenciés.

Dans sa première intervention publique depuis le décès du magistrat, Cristina Fernandez a annoncé à la télévision qu'elle allait transmettre le texte au Congrès avant son départ pour la Chine ce week-end afin de créer une structure du renseignement qui soit plus transparente.

Les parlementaires seront réunis en session extraordinaire pour discuter de cette question pendant la période des fêtes en février.

"Nous devons rendre les services de renseignement plus transparents parce qu'ils n'ont pas servi les intérêts du pays", a expliqué Fernandez assise dans une chaise roulante et vêtue de blanc.

Le SI dispose d'un pouvoir important et d'une large autonomie qu'il a acquise lors de la "sale guerre" menée sous la dictature militaire entre 1976 et 1983 lorsqu'il espionnait les rebelles marxistes, les syndicalistes et les membres de partis de gauche.

Selon la présidente, vivement critiquée pour sa gestion de ce scandale, le Secrétariat au renseignement a peu changé ses habitudes depuis le retour de la démocratie en Argentine.

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté la semaine passée contre la lenteur de la justice dans l'enquête sur l'attentat vieux de 20 ans et pour exiger des réponses sur les soupçons entourant la mort du procureur Nisman.

Cette affaire intervient dix mois avant l'élection présidentielle à laquelle Cristina Fernandez, qui a déjà accompli deux mandats, ne peut pas se présenter suivant les dispositions constitutionnelles.

(Richard Lough et Jorge Otaola; Pierre Sérisier pour le service français)