(Actualisé avec déclarations Blatter §1-8)

par Mike Collett et Brian Homewood

ZURICH, 28 mai (Reuters) - Sepp Blatter a plaidé sa bonne foi jeudi en ouverture du 65e congrès de la Fifa prise dans la tourmente d'une affaire de corruption touchant sept de ses membres dirigeants arrêtés la veille à Zurich.

Le patron du football mondial a reconnu que son sport était frappé par la honte et l'humiliation mais il a exclu de démissionner comme le lui a demandé avec insistance le président de l'UEFA, Michel Platini, dans un appel solennel.

"Les événements d'hier font peser une ombre sur le football et sur ce congrès", a-t-il lancé aux délégués de toutes les fédérations nationales dont il attend qu'ils lui confient vendredi un cinquième mandat consécutif.

Essayant de prendre ses distances avec les arrestations menées mercredi par la police suisse dans le cadre d'une procédure lancée par la justice américaine, Blatter a mis en avant sa probité et sa bonne foi.

"Je sais que certains me tiennent au bout du compte pour responsable mais je ne peux pas contrôler tout le monde tout le temps", a-t-il lancé. "Il ne peut pas y avoir de place pour la corruption quelle qu'elle soit", a-t-il ajouté.

Blatter, qui s'était montré discret depuis le début de l'affaire, a prôné des réformes afin que la "réputation de la Fifa ne soit pas traînée dans la boue plus longtemps".

Les appels, notamment de l'UEFA, en faveur d'un report du congrès et de l'élection du président sont restés lettres mortes et le dirigeant semble conserver de bonnes chances de l'emporter face à son seul adversaire, le prince jordanien Ali ben Hussein.

Son opposant le plus farouche dans cette affaire reste Michel Platini qui s'est dit "écoeuré" par les derniers événements et a tenté de mobiliser les fédérations pour provoquer la défaite de Sepp Blatter vendredi.

"Je peux vous dire que demain, à l'élection du président, une très très très grande majorité des associations nationales européennes va voter pour le prince Ali", a déclaré Michel Platini lors d'une conférence de presse.

"TROP C'EST TROP"

"Les gens en ont marre, les gens ne veulent plus (ce) président (...) et moi non plus", a ajouté l'ancien capitaine de l'équipe de France, qui s'est adressé directement à Sepp Blatter, avec lequel il s'est entretenu dans la matinée en tête-à-tête : "Aujourd'hui je viens te demander de quitter la Fifa, de démissionner de la Fifa."

Prié de dire si le président sortant pouvait perdre cette élection, qui lui paraissait jusqu'ici acquise, Michel Platini a répondu : "Je pense qu'il peut être battu. Avant ce qu'il s'est passé hier, non. Mais aujourd'hui (...) je pense qu'enough is enough, trop c'est trop, comme on dit en Suisse."

Plusieurs responsables politiques européens, dont le Premier ministre britannique David Cameron, se sont aussi prononcés en faveur d'un "changement" à la tête de la Fifa.

Même affaibli, le dirigeant suisse de 79 ans, qui brigue un cinquième mandat, peut cependant compter sur de nombreux soutiens.

En Europe, c'est le cas de la Russie, organisatrice de la Coupe du monde 2018, dont le président Vladimir Poutine a pris jeudi la défense de Sepp Blatter, qualifiant l'enquête américaine de "manoeuvre" visant à empêcher sa réélection.

Face aux assauts de l'UEFA, le président de la Fifa compte aussi de nombreux partisans au sein des confédérations asiatique (AFC) et africaine (CAF).

La CAF, présidée par le Camerounais Issa Hayatou, a exprimé jeudi "son soutien intégral et permanent au train de mesures impulsées à la Fifa depuis quelques années pour l'amélioration de la gouvernance", ainsi qu'à la candidature de Sepp Blatter.

L'unité de l'AFC a en revanche connu jeudi un accroc, l'Australie, qui n'a toujours pas digéré d'avoir perdu l'organisation du Mondial 2022 au profit du Qatar, ayant annoncé qu'elle voterait en faveur du prince Ali.

(Avec Emmanuel Jarry à Paris et Mark Gleeson à Johannesburg; Tangi Salaün pour le service français)