Les raisons de cet échec
 
Ce pays de seulement 5,5 millions d’habitants a pu prospérer des années sur des industries basées principalement sur le bois, le papier et l’électronique avec son fleuron Nokia. Or l’économie finlandaise doit désormais s’ajuster à des chocs sectoriels dans ces domaines clés de son activité. En effet, à l’ère du tout numérique, la demande en papier ne cesse de faiblir et dans le secteur des nouvelles technologies, Nokia a clairement raté le virage du smartphone et du numérique.
 
D’autres facteurs externes sont venus compliquer la donne pour l’économie finlandaise. Premièrement, la récession en Russie, partenaire privilégié puisque deuxième marché d’exportation et pays frontalier de la Finlande, couplé à un embargo sur la Russie a compliqué les perspectives de croissance de la Finlande. Deuxièmement, une croissance de la zone euro qui peine encore à décoller.
Conséquence directe, le gouvernement finlandais révise à la baisse ses prévisions de croissance pour 2015 et 2016. Le ministère des Finances table désormais sur un PIB en hausse de 0,2% en 2015 et 1% en 2016. La richesse nationale est inférieure de 0,3% à celle de 2010 contre une progression de 2,9% sur la même période pour la zone euro. Au niveau des entreprises finlandaises, ces dernières ont réduit leurs investissements et l’utilisation des capacités de production ces dernières années (une productivité en baisse de 4,5 % depuis 2007). Ces mêmes entreprises ont vu leur chiffre d’affaires fondre d’un quart, seule la Grèce a fait pire. Enfin, les sorties nettes de capitaux au second trimestre s’élèvent à 4,6 milliards d’euros.
 
A ces éléments s’ajoutent également, le vieillissement de sa population et l’explosion du chômage (voir tableau). Le niveau est au plus haut depuis des années et devrait dépasser les 9% estimés pour 2016. En août dernier, le taux de chômage s’approchait des 10%, niveau le plus élevé de ces quinze dernières années. La progression est de plus d’un point en une année, record absolu en Europe.
 
 
Une économie sanctionnée par les agences de notation
 
Il y a tout juste un an, la société de notation Standard and Poor’s retirait son triple A à la Finlande, dégradée à AA+ avec perspective stable en raison de la faiblesse de son économie. Fin septembre 2015, la même agence dégrade à nouveau la perspective de la note de solvabilité finlandaise de « stable » à « négative ». Signification : Il y a une chance sur trois que la note soit à nouveau abaissée dans les deux ans à venir. En effet, la Finlande est aujourd’hui empêtrée dans la récession. Malgré les annonces récentes du gouvernement de mettre en place une cure d’austérité, la dette publique continue à augmenter. La Finlande a été en récession avec -1,4% en 2012, -1.1% en 2013 et -0.4% en 2014 (voir tableau). La croissance tarde à revenir avec deux premiers trimestres 2015 de recul du PIB. Les agences Moody’s et Fitch maintiennent quant à elles le triple A de la Finlande tout en soulignant les perspectives négatives et l’activité en berne depuis plusieurs années.


 

L’objectif affiché par le nouveau gouvernement : Une réduction de 5% du coût du travail à l’horizon 2019.
 
Investi au pouvoir en mai dernier, le premier ministre centriste Juha Sipila a commencé à appliquer son programme d’austérité. Ainsi, les autorités ont décidé de trancher dans le vif pour relancer la compétitivité avec des mesures drastiques pour réduire le coût du travail, telles que :
Une suppression de huit jours de congés dans la fonction publique ainsi que de deux jours fériés pour tous les salariés. Les agents publics finlandais ne sont donc plus les mieux lotis dans ce domaine comparativement aux autres pays européens. Egalement, la majoration des heures supplémentaires sera réduite de moitié. La durée des indemnisations chômage seront également réduite de près de moitié (500 jours actuellement). Enfin, l’Etat arrêtera de prendre en charge le premier jour d’un arrêt maladie comme cela était d’usage auparavant.
 
En réponse, une grève générale mi-septembre a paralysé le pays, une première depuis 1956. Une explosion sociale est réelle et à craindre tant la puissance des syndicats locaux y est importante. Près de 70% des salariés finlandais sont membres d’un syndicat.
 
 
Une austérité qui ne fait que commencer
 
Finalement, la Finlande est à un tournant. C’est la remise en cause même d’un système social très généreux avec des accords salariaux très avantageux. En effet, les salaires ont augmenté de 20% grâce notamment à des accords sociaux anté-crise de 2008, alors que les salaires baissaient partout ailleurs en Europe. De même, le cout du travail en Finlande est tel que le travailleur finlandais coute 20% plus cher que la moyenne de l’Union Européenne.