(Répétition sans changement d'une dépêche publiée dimanche)

par Jonathan Spicer et Howard Schneider

JACKSON HOLE, Wyoming, 30 août (Reuters) - L'inflation aux Etats-Unis devrait rebondir grâce à la baisse de la pression exercée par le dollar, ce qui devrait permettre à la Réserve fédérale de relever progressivement ses taux d'intérêt, a déclaré samedi le vice-président de la Fed, dans un discours où il s'est soigneusement efforcé de ne pas manifester trop d'inquiétudes face au ralentissement de la croissance chinoise.

Stanley Fischer est resté prudent concernant le calendrier de relèvement des taux et notamment sur l'opportunité de le faire dès la prochaine réunion de la Fed des 16 et 17 septembre. Mais il a noté que la pression baissière sur les prix exercée par la hausse du dollar, la chute des cours du pétrole et l'existence de réserves de main-d'oeuvre diminuait.

"Compte tenu de l'apparente stabilité des anticipations d'inflation, il y a de bonnes raisons de croire que l'inflation s'orientera à la hausse au fur et à mesure que les forces qui freinent l'inflation continuent à se dissiper", a-t-il dit au symposium économique de Jackson Hole auquel participent de nombreux responsables de banques centrales du monde entier.

"Avec une inflation faible, nous pouvons probablement retirer les mesures accommodantes à un rythme progressif", a-t-il ajouté. "Néanmoins, parce la politique monétaire impacte l'activité réelle avec un retard considérable, nous ne devrions pas attendre que l'inflation soit revenue au niveau de 2% pour entamer un resserrement (de cette politique)."

Les banques centrales et les gouvernements sont suspendus à la décision de la Fed sur les taux, qui pourrait peser sur les autres devises et affaiblir davantage les marchés émergents, déjà sérieusement déstabilisés la semaine dernière par les inquiétudes concernant l'état de l'économie chinoise.

Le gouverneur de la Banque d'Angleterre (BoE), Mark Carney, qui s'est exprimé samedi à Jackson Hole aux côtés du vice-président de la Fed, a fait preuve du même optimisme prudent.

Tout en reconnaissant que le ralentissement de la croissance en Chine pourrait continuer à peser sur les prix et sur l'appétit pour le risque sur les marchés internationaux, il a affirmé que ce ralentissement n'avait pas d'influence, pour le moment, sur la position de la BoE en matière de taux.

La BoE devrait relever ses taux au premier trimestre 2016 malgré une inflation britannique proche de zéro, dans un contexte de reprise de la croissance et des salaires.

Dans le même temps, Mark Carney, tout comme Stanley Fischer et d'autres responsables de politique monétaire, reconnaît que la mondialisation rapide de l'économie depuis un quart de siècle représente un frein pour l'inflation dans tous les pays.

"Il y a de profondes tendances désinflationnistes (...) en marche dans l'économie mondiale" qui rendent plus difficile à Londres, à Washington ou ailleurs, d'atteindre les objectifs d'inflation fixés par les banques centrales, a-t-il dit.

La Fed s'est récemment montrée relativement confiante dans le fait que l'inflation, qui stagne sous l'objectif de 2% depuis quelques années, repartira à la hausse à moyen terme. Toutefois, la remontée des prix pourrait être freinée par le ralentissement en Chine et la chute des cours des matières premières.

"Pour le moment, nous surveillons l'évolution de l'économie chinoise et ses impacts effectifs et potentiels sur les autres économies encore plus étroitement que d'habitude", a dit Stanley Fischer, un proche allié de la président de la Fed Janet Yellen.

L'indicateur clé de l'inflation pour la Fed a baissé à 1,2% au mois de juillet, son plus bas niveau en quatre ans.

En marge de la conférence, le vice-président de la Fed a fait une apparition imprévue à la télévision pour affirmer qu'il était trop tôt pour se prononcer quant à l'opportunité de relever les taux dès la réunion de septembre. (Avec William Schomberg à Londres, Juliette Rouillon pour le service français)