Des petites capitalisations de nouveau à la traîne

L’entrée dans l’année 2024 a été marquée par un retour de la surperformance des grandes capitalisations (STOXX 600 +1%, CAC 40 +0,6% en janvier) par rapport aux petites capitalisations (CAC Small +0,6% aidé par le rebond des valeurs biotech, MSCI Europe Micro Cap -1,2%). La spéculation va bon train concernant les prochaines étapes de politique monétaire de part et d’autre de l’Atlantique. Comme l’indique Gay Lussac Gestion : « le juge de paix restera l’évolution des statistiques économiques alors que la BCE demeure « data dependent ». Les derniers chiffres d’inflation ont montré un ralentissement de l’inflation sous-jacente mais légèrement moins fort qu’anticipé (3,3% contre 3,4% en décembre, mais 3,2% attendus).

Evolution, dividendes inclus, des indices d’actions françaises par taille de capitalisation depuis début 2024

Les PME-ETI sont entrées dans une intense phase de publication de chiffre d’affaires 2023, avec un décalage sur des poids lourds qui rendent déjà une copie 2023 complète. La tendance qui ressort à ce stade est une légère amélioration au 4e trimestre après un 3e trimestre poussif. A ce stade, les prévisions d’évolution des bénéfices 2024 (supérieures pour les petites capitalisations) sont très marginalement revues en baisse toutes capitalisations confondues comme l’indique ce document en date du 15 février extrait de la recherche de Portzamparc-BNP :

Source : Portzamparc-BNP

La série des opérations financières sur les PME-ETI est loin d’être terminée avec pas loin d’une opération annoncée par semaine depuis début décembre. Le court mois de février a d’ailleurs démarré fort avec des OPA lancées sur Visiativ et Believe en l’espace de quelques jours. Côté introduction en Bourse, après un long silence depuis l’été 2023, STIF a réussi son IPO fin décembre en levant 10M€ et affiche un joli gain sur son cours d’introduction à la faveur d’un très joli contrat avec Tesla (ça aide). 

Source : Portzamparc-BNP

Terminons par notre habituel graphique d’évolution des indices français selon la taille de capitalisation qui montre que dividendes inclus, la sous-performance de la classe d’actif reste criante sur 5 ans. Il faut dire que la collecte reste atone pour la classe d’actifs qui en vient à se tourner vers les autorités pour que des mesures de relance du marché des petites capitalisations soient prises (remontée des seuils des PEA-PME, incitations fiscales, etc.)

Evolution, dividendes inclus, des indices d’actions françaises par taille de capitalisation sur 5 ans. 

La revue des meilleurs fonds Small Caps à la fin du mois dernier  

(Source : Quantalys, rapport mensuel des sociétés de gestion)

Le contexte étant dressé, venons-en aux mouvements de nos fonds vedettes à travers notre tableau synthétique.

Les remarques générales

Les derniers arbitrages des pros

  • Les fonds d’Indépendance AM étaient baisse d’un peu plus de 1% en janvier. Le fonds France Small « a réalisé deux nouveaux investissements en Sopra Steria qui anticipe une résistance de ses activités en 2024 et qui est plus faiblement valorisée que ses concurrents ainsi qu'en TF1 très faiblement valorisée. Toujours en janvier, le fonds a également continué de se renforcer en Nexans ». Ces trois investissements confirment le positionnement du fonds France Small sur des sociétés de plus grande taille que par le passé -et que le fonds Europe Small- avec actuellement seulement 15% du fonds environ positionné sur les capitalisations boursières inférieures à 500 M€ contre 20% du fonds exposé à des capitalisations supérieurs à 5 Md€. On notera également que les deux premières lignes du fonds, Publicis et Ipsos, évoluent dans un secteur proche et concentrent chacune 5% de l’actif. Le fonds Europe Small « a cédé ses investissements dans Grieg Seafood, en Norvège, GPI et Openjobmetis, en Italie. Openjobmetis, société de travail temporaire, a fait l'objet d'une offre de rachat par Groupe CRIT. A l'inverse, le fonds a initié de nouveaux investissements dans Nexans, un des leaders mondiaux de l'industrie du câble, et The Italian Sea Group, entreprise basée près de La Spezia, spécialisée dans le design et la fabrication de yachts ».
  • Gay-Lussac Microcaps « continue d'observer des opportunités sur des sociétés encore trop faiblement valorisées. Du coté des achats, nous avons renforcé de nombreuses lignes déjà présentes dans le fonds. La SMTPC en est un exemple, avec un rendement généreux et un risque limité au cours actuel. Il reste néanmoins des points de gouvernance et de communication contestables sur ce cas d'investissement. Nous avons poursuivi nos achats dans différentes ESN suite à l'annonce d'OPA sur SII. Nous avons également acheté des titres Gérard Perrier Industrie afin de maintenir notre poids cible dans cette société présente parmi nos premières lignes depuis de nombreuses années et qui jouit d'une belle visibilité. Notre ligne Piscines Desjoyaux a par ailleurs été renforcée au regard de sa valorisation. Du coté des ventes, nous avons cédé pour bonne partie notre ligne Openjobmetis. Le titre cotait proche de son cours d'offre initiée par CRIT en décembre. Ce mouvement nous a permis de réallouer ce capital vers de meilleures opportunités. Nous avons également allégé notre position Digital Value, principalement afin de respecter nos budgets de risque. Nous avons également écrêté notre ligne Delta Plus, dont les résultats seront affectés par la devise argentine ».
  • Sunny Managers a profité de la hausse de 2CRSI (+150% sur le mois; +1.7% de contribution) qui a confirmé « un jumbo contrat pour un montant de 90M$ dans le domaine de l’IA. Le jour de l’annonce du plan stratégique la société annonce un contrat historique pour la livraison de serveurs aux USA qui profite de la mise en place de l’IRA pour un montant ferme de 210M$ sur 18mois ainsi qu’un complément de 400M$ pour les années suivantes. Le partenaire de Medincell (+24% sur le mois; +0.5% de contribution) Teva, annonce la fin du recrutement des patients dans l'étude clinique de phase 3 du médicament d’olanzapine contre la schizophrénie. C’est une étape majeure pour Medincell qui pourrait recevoir jusqu'à 117 M$ de paiements d'étape pour le développement et la commercialisation. Lexibook (+40% sur le mois; +0.8% de contribution) bondit suite à la publication d’excellent résultats semestriels, malgré un environnement adverse pour les valeurs de consommation. Le CEO a déclaré de nombreux rachats de titres pendant le mois ce qui nous conforte pour les perspectives de moyen terme ». Coté contributeurs négatifs, le fonds a été pénalisé par La Française de l’Energie (-14% sur le mois ; -0.4% de contribution) « sanctionnée après l'annonce de revenus semestriels en retrait de 15% et aussi une certaine faiblesse du marché mondial du gaz. Le groupe maintient néanmoins son objectif de 100M€ de chiffre d’affaires d’ici 2026. Nous avons constitué récemment une petite ligne en ATOS (-43% sur le mois ; -0.6% contribution) de 0.7% du fonds au prix moyen de 6.80€ en pensant qu’une cession de BDS à un prix favorable ainsi que la menace d’un plan de sauvegarde auprès des créanciers permettrait un rerating significatif des actions. La montée en puissance au capital de M. Layani avec le succès qu’on lui connait dans le conseil IT ainsi que la prise en main du sujet épineux du bilan par M. Mustier reconnu pour son agilité en négociation et son track record chez UniCredit et Société Générale entretenait notre optimisme. Cependant lorsque nous avons compris que les négociations devenaient défavorables aux actionnaires minoritaires de Atos, nous avons décidé de sortir en totalité la ligne avec une moins-value d’environ 40%. Visiomed (-11% sur le mois; -0.3% de contribution) affiche un record d’affluence historique sur sa filiale Smart Salem depuis janvier. Malgré son excellent début d’année, le groupe peine à remonter la pente suite à un de désintérêt global du marché sans raisons particulière. ».
  • Le fonds MCA Entreprendre note qu’ « après un T3 plutôt en ralentissement, les premières publications du T4 ont été plutôt bonne, à l'image d’Aubay, Mersen, ID Logistics, ou encore de Memscap. Sur le mois de janvier, le fonds progresse de +1,67%. Les plus fortes contributions du mois sont : Memscap (+1,98%) : nouvelle publication de grande qualité avec un chiffre d’affaires de 14,1M€ sur l’année (+51%). La forte croissance s’accompagne d’une amélioration de la profitabilité. Pizzorno (+0,76%) : la société a annoncé dépasser pour la première fois le seuil symbolique d’un milliard d’euros de carnet de commandes, ce qui esttrès rassurant. Medincell (+0,48%) : leur partenaire Teva revoit à la hausse les objectifs de commercialisation du médicament Uzedy. Sur le mois, nous avons intégré deux nouvelles valeurs : Fountaine Pajot : retour ce mois dans le fonds d’un spécialiste du nautisme, Fountaine Pajot projette encore une année de croissance à deux chiffres avec une amélioration des marges. Lagardère : la société prévoit une amélioration des marges dans les deux grands segments du groupe (Publishing et Travel Retail). La division Travel retail est en forte croissance bien aidée par la bonne dynamique du transport aérien, en fort rebond post-covid. Dans le cadre du projet de scission de Vivendi, la participation de 60% de Vivendi dans Lagardère devrait être logé dans une entité « Edition et distribution », aux côtés de Prisma Média. Dans ce cadre, Vivendi pourrait être tenté de simplifier la structure via une opération en capital (nouvelle OPA, OPE etc) ».
  • HMG Découvertes a sur le mois de janvier renforcé de nombreuses positions « qu’il s’agisse de plus grandes valeurs comme le groupe d’ingénierie Technip Energies, le producteur d’énergies renouvelables Neoen, ou bien Lagardère que l’on ne présente plus ici ! Côté moyennes capitalisations, les lignes dans le groupe toulousain de conseil en conception aéronautique Sogeclair (alors qu’il vient d’annoncer un onzième trimestre consécutif de croissance organique), en Axway ou en Malteries Franco-Belges, ont notamment été complétées. Deux lignes déjà auparavant détenues dans le fonds ont été ré-initiées : celle dans le groupe de conseil informatique Sopra, dont l’activité devrait pouvoir être favorisée par sa forte spécialisation sur certains secteurs particulièrement porteurs comme celui de l’aéronautique-défense, ainsi que celle dans l’éditeur de logiciels Lectra, acheté lors d’un creux de marché en janvier provoqué par la dégradation d’opinion d’un analyste financier. Des profits partiels ont été pris sur les lignes Dassault Systèmes (logiciels industriels) avant son récent repli, en La Française des Jeux (après sa belle publication), ou en GTT (ingénierie pour le GNL). La ligne ESI Group (logiciels de simulation) a été soldée lors du retrait obligatoire consécutif à l’offre publique d’achat ».

NB : les fonds ont été sélectionnés selon leur performance sur longue période (nous avons retenu une durée de 5 ans, durée généralement retenue pour l’investissement dans les fonds actions), leur volatilité et leur forte pondération en petites valeurs françaises (minimum 20% du fonds).