(Actualisé avec décision du Conseil d'Etat)

PARIS, 9 février (Reuters) - L'état d'urgence s'est traduit depuis les attentats du 13 novembre à Paris par 3.336 perquisitions administratives, 344 gardes à vue et l'assignation à résidence de 400 personnes, a annoncé mardi le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

Il a souligné lors de l'examen au Sénat de la deuxième loi de prorogation de l'état d'urgence pour une durée supplémentaire de trois mois que "plusieurs mois après les actes terroristes du 13 novembre, ce péril n'a pas disparu".

Dans la matinée, le Premier ministre Manuel Valls avait même estimé la menace "sans doute encore plus importante qu'avant le 13 novembre" dernier, date à laquelle 130 personnes ont été tuées.

Bernard Cazeneuve a précisé que les perquisitions administratives avaient permis la saisie de 578 armes, dont 220 armes longues, 169 armes de poing, 42 armes de guerre, notamment.

Le ministre de l'Intérieur a reconnu que certaines perquisitions n'avaient pas été accomplies "avec le discernement qui aurait dû pourtant présider à leur mise en oeuvre ou même à leur choix".

Il a cité une perquisition "injustifiée" dans une ferme biologique du Périgord le 24 novembre dernier.

Au 2 février, 563 procédures judiciaires ont été ouvertes, dont 28 sous la qualification terroriste, dans leur grande majorité pour apologie du terrorisme.

"Si l'on s'en tenait au seul chiffre des procédures ouvertes sous la qualification terroriste, le bilan pourrait sembler modeste", a-t-il dit.

"Mais ce serait une erreur de méthode que de s'arrêter à ce décompte pour évaluer l'utilité des perquisitions effectuées", a-t-il ajouté, précisant qu'elles avaient une vocation "préventive".

Au total, 45 mosquées et salles de prière ont fait l'objet d'une perquisition administrative et dix ont été fermées.

Bernard Cazeneuve a précisé enfin que sur 400 assignations à résidence prononcées, 290 étaient toujours en vigueur, "dont 83% concernent des individus surveillés par nos services de renseignement".

Le juge des référés du Conseil d'Etat a annoncé mardi soir avoir suspendu une assignation à résidence prononcée le 16 novembre dernier, puis renouvelée le 14 décembre, à l'encontre d'un habitant de Montpellier (Hérault), estimant que "les éléments apportés par l'administration n'étaient pas suffisamment probants".

"Cette assignation ne peut plus être prolongée sans porter une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d'aller et venir de l'intéressé", explique le Conseil d'Etat dans un communiqué. (Gérard Bon, édité par Sophie Louet)