* "Avancées significatives" sur le travail et la fiscalité

* L'IFI va arrêter l'"hémorragie" des expatriations

* Doutes sur les dépenses et la compétitivité

PARIS, 17 octobre (Reuters) - Les premières réformes mises en oeuvre par le gouvernement, sur le code du Travail et la fiscalité, devraient avoir des conséquences positives sur la croissance potentielle et l'emploi à l'horizon 2022, selon une étude de Coe-Rexecode présentée mardi.

Pour autant, l'institut économique, proche du patronat, estime que "le PIB (produit intérieur brut) effectif (ne) bénéficiera qu’en partie" de ces retombées positives, notamment du fait du "coup d'arrêt" aux baisses de charges pour les entreprises liées à la transformation du Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) en baisse de charges directe à compter de 2019.

"Les deux premières réformes, travail et capital, constituent à nos yeux des avancées significatives et sont de nature à augmenter à terme le PIB potentiel et la croissance potentielle", a déclaré Michel Didier, président de cet institut, lors de la présentation de l'étude à la presse.

D'après les calculs des économistes de l'institut, avec la réforme du code du Travail et les réformes fiscales engagées dans le budget 2018, le PIB potentiel de 2022 sera supérieur de un à 1,5 point au niveau qu'il aurait atteint en l'absence de ces réformes, toutes choses égales pas ailleurs.

Ces réformes aux "effets lents mais certains sur le moyen et le long terme" devraient également permettre la création de 250.000 à 300.000 emplois supplémentaires en 2022.

Les auteurs de cette étude publiée le jour du début de l'examen du projet de loi de finances (PLF) 2018 à l'Assemblée nationale saluent notamment le "changement de paradigme" que représente la suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et son recentrage sur le seul patrimoine immobilier.

ENRAYER L'HÉMORRAGIE DES EXILÉS FISCAUX

Cette évolution, qui "normalise la fiscalité du capital française", est susceptible d'enrayer l'"hémorragie lente mais permanente" d'entrepreneurs optant pour l'expatriation, un phénomène qui érode la croissance de façon pernicieuse, a expliqué Michel Didier.

Pour autant, même en prenant en compte les mesures annoncées, l'effort de réforme devra être poursuivi au cours des prochaines années - notamment sur la compétitivité et les dépenses - afin de concilier ces "impulsions positives" et "les freins qui subsistent sur la croissance française", a-t-il poursuivi.

Les réformes mises en place lors du quinquennat précédent, comme le CICE et le pacte de responsabilité, n'ont que partiellement réduit le retard de compétitivité de l'économie française et "il nous reste les trois-quarts de la dérive par rapport à l'Allemagne à récupérer", a souligné Michel Didier.

Selon lui, "il faut continuer sous une forme qui n'est pas nécessairement sous la forme d'une baisse des charges, mais il faut continuer là-dessus."

Autre point d'attention pour Coe-Rexecode: les dépenses publiques.

Tout en relevant "un objectif ambitieux d'infléchissement de la trajectoire des dépenses", Emmanuel Jessua, directeur des études à Coe-Rexecode, a déclaré qu'une grande partie des économies étaient liées au chantier de la réforme de l'Etat - le processus "Action publique 2022" - lancé vendredi dernier par le Premier ministre Edouard Philippe.

Selon Emmanuel Jessua, "compte tenu des succès limités des exercices précédents, RGPP et MAP (la Révision générale des politiques publiques de Nicolas Sarkozy et la Modernisation de l'action publique de François Hollande-NDLR) on peut être quand même prudent sur la quantité d'économies qui seraient dégagées sur ce processus". (Myriam Rivet, édité par Bertrand Boucey)