* Le ministre des Comptes publics visé par deux enquêtes

* Le principe de présomption d'innocence rappelé

* Darmanin évoque une "nouvelle calomnie" (Actualisé avec Darmanin dans Sud-Ouest)

PARIS, 15 février (Reuters) - Si le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, visé par deux enquêtes - l'une pour viol, l'autre pour abus de faiblesse - était mis en examen, il devrait démissionner, a déclaré jeudi le porte-parole du gouvernement français.

"S'il est mis en examen, la règle sera appliquée comme elle l'a toujours été", a dit Benjamin Griveaux à Sud Radio, tout en réaffirmant le principe de la présomption d'innocence.

Le parti Les Républicains dirigé par Laurent Wauquiez a réitéré mercredi par la voix d'une porte-parole son appel à la démission de Gérald Darmanin, issu des rangs de la droite.

"Il faut donc laisser la justice faire son travail", a dit Benjamin Griveaux. "Il arrive que les affaires soient classées sans suite. C'est ce qui est déjà arrivé à maintes reprises."

La secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, lui a fait écho sur BFMTV, tout en décrivant une situation politique "pas agréable".

"Il faut respecter la parole de la plaignante", a-t-elle dit. "Il faut respecter aussi la présomption d'innocence de Gérald Darmanin, pas parce qu'il est ministre, mais parce qu'il faut respecter toutes les présomptions d'innocence : c'est ce qui fonde notre Etat de droit".

Interrogée sur l'aspect politique de l'affaire, Marlène Schiappa a reconnu que la situation n'était "pas agréable".

"Je ne vais pas vous dire que c'est banal et je ne vais pas vous dire que c'est une situation qui est agréable pour qui que ce soit", a-t-elle dit. "Maintenant, cela ne m'empêche pas de faire mon travail."

Le parquet de Paris avait ouvert une première enquête préliminaire en janvier à l'encontre de Gérald Darmanin à la suite d'accusations de viol pour des faits remontant à 2009 et niés par le ministre.

Une autre femme a porté plainte contre lui le 13 février pour abus de faiblesse et une autre enquête préliminaire a été ouverte, a-t-on appris mercredi de source judiciaire.

"JE SUIS TRANQUILLE"

Selon Le Point, la plaignante est domiciliée à Tourcoing, dans le Nord, ville dont Gérald Darmanin a été maire de 2014 à 2017. Elle aurait dit avoir fait l'objet de sa part de "demandes à caractère sexuel" en échange d'un nouveau logement.

Gérald Darmanin proteste de nouveau de son innocence dans La Voix du Nord. "J’ai pris connaissance de cette nouvelle calomnie (...) Je ne sais pas qui et de quoi on m’accuse ! Je n’ai rien à me reprocher", déclare-t-il.

"Des centaines de personnes font des demandes de logement chaque année dans les permanences du maire et actuellement, à Tourcoing, 5.000 personnes sont en attente d’un logement social", poursuit Gérald Darmanin, qui dit n'avoir jamais été membre d’une commission d’attribution de logement.

"Aujourd’hui, je suis tranquille, concentré sur mon travail de ministre et je fais confiance à la justice", ajoute-t-il, après avoir reçu un soutien appuyé du chef du gouvernement Edouard Philippe.

Dans un entretien à paraître vendredi dans Sud-Ouest, Gérald Darmanin repousse les appels à la démission lancés par LR.

"Il n’est pas très nouveau que certains membres des oppositions, qui n’ont pas grand-chose à dire sur le plan politique, se consacrent à des attaques personnelles", dit-il. "Je constate aussi que beaucoup de gens qui ne sont pas de mon bord politique n’en ont pas fait autant".

Dans le baromètre mensuel Ifop-Fiducial publié jeudi dans Paris Match, Gérald Darmanin figure en 36e position du classement des personnalités politiques, en baisse de trois points, à 24% de bonnes opinions. Au moment du sondage, les 9 et 10 février, il était visé par une seule enquête pour viol.

Dans cette même enquête, le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot reste l'homme politique préféré à 64% de bonnes opinions, un chiffre stable malgré sa récente mise en cause dans un article du magazine Ebdo dans deux affaires à caractère sexuel, que le ministre dément catégoriquement.

Lors d'une rencontre avec la presse présidentielle mardi, le président Emmanuel Macron a assumé le maintien au gouvernement de ces deux ministres, mettant en garde contre un excès des contre-pouvoirs et une "République du soupçon". (Emmanuel Jarry et Elizabeth Pineau, édité par Dominique Rodriguez)