* Des campagnes de promotion lancées lundi et mercredi

* Un système à mettre en place, selon la Fédération Syntec

* L'orientation au coeur de la réussite

* Le Medef veut se rapprocher des régions

PARIS, 25 avril (Reuters) - Après le ministère du Travail, c'est au tour du Medef de lancer sa campagne nationale pour redorer l'image de l'apprentissage, grand chantier social du quinquennat d'Emmanuel Macron qui doit être présenté au conseil des ministres vendredi.

Plateforme numérique, websérie, baromètre, l'organisation patronale a présenté mercredi tout un arsenal d'outils pour assurer la réussite de cette réforme qui, selon le gouvernement, doit endiguer le taux de chômage de masse des jeunes, d'environ 22% en France pour les 15-24 ans.

"C'est vraiment tout un écosystème qu'il faut mettre en route et la communication de cet écosystème pour persuader que l'apprentissage est une voie d'excellence", a déclaré la présidente de la Fédération de l'informatique Syntec, Viviane Chaine-Ribeiro, lors d'un colloque sur le sujet.

Mais pour assurer la réussite de la réforme, "il faut faire en sorte que tous les rouages fonctionnent ensemble", ajoute-t-elle. "On en est très très loin aujourd'hui".

En cause: le manque de popularité de l'apprentissage. Ce mode de formation ne concernait que 7% des jeunes de 16 à 25 ans en France, selon le ministère du Travail, contre 15% en moyenne dans les autres pays européens.

Or, l'orientation professionnelle tombera dans l'escarcelle des régions, échaudées par une réforme qui leur retire leur autorité en terme de gouvernance et de financement.

Le défi sera aussi de taille dans l'Education nationale où le personnel encadrant connaît encore peu les débouchés de l'apprentissage, faisant craindre que les jeunes soient redirigés davantage vers les lycées professionnels.

"Tant qu'il y aura cette frontière, ce canyon entre l'Education nationale et le monde de l'entreprise, on n'y arrivera pas", a prévenu Patrick Toulmet, président de la Chambre des métiers et de l'artisanat de Seine-Saint-Denis lors du colloque.

Au Medef, on fait valoir que "tout le monde doit y mettre du sien", d'où le lancement de la campagne. Le ministère du Travail a procédé au même exercice lundi en invitant les apprentis à partager leur histoire sur les réseaux sociaux.

"UNE PRIVATISATION DU SYSTÈME"

L'organisation patronale tente de resserrer les liens avec les régions, distendus depuis l'annonce de la refonte.

Cette dernière change le mode de financement des centres de formation d'apprentis (CFA) pour passer d'une logique dite administrée, dans laquelle les CFA se financent en grande partie auprès des régions, à une logique dite de marché.

Le financement se fera ainsi au nombre d'apprentis dans les centres de formation et les branches professionnelles détermineront le "coût contrat" de chaque diplôme ou titre professionnel.

Les régions, qui perdent la main sur la moitié de la taxe d'apprentissage, ont dénoncé une "privatisation du système" qui mettrait en danger l'offre de formation dans des zones rurales ou des quartiers sensibles.

Elles disposent toutefois encore d'une enveloppe de 250 millions d'euros pour tenir compte des spécificités de l'aménagement du territoire ainsi que de 180 millions d'euros pour des investissements dans les CFA.

Le projet de loi entretient par ailleurs encore un flou sur les instances de gouvernance au niveau régional. Cette particularité irrite le président du Medef, Pierre Gattaz, qui estime que les branches et les entreprises doivent être les "pilotes" du système et les régions, les "copilotes".

Il rencontre donc en ce moment les présidents de régions dans le but de signer des "pactes d'objectifs partagés" sur les besoins en formation des territoires.

Pierre Gattaz aimerait que des réunions aient lieu au moins annuellement pour fixer des objectifs sur cinq ans. Aucune convention n'a pour l'instant été signée.

"On ne peut pas se passer des régions", estime Marjorie Lechelle, responsable emploi formation pour le Medef Ile-de-France qui met en avant leur rôle dans la formation des demandeurs d'emploi. "Il va falloir partager les connaissances des uns et des autres sur les besoins. C'est un ensemble".

Le projet de loi sur l'apprentissage qui traite également de la formation professionnelle et de l'assurance chômage, sera présenté au conseil des ministres vendredi. (Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)