* Dix piétons et le chauffeur du véhicule blessés

* "L'acte d'un déséquilibré", dit Cazeneuve

* L'incident rappelle l'agression de Dijon, la veille

* Réunion ministérielle d'urgence mardi à l'Elysée (Actualisé avec déclarations Cazeneuve, détails)

par Guillaume Frouin

NANTES, 22 décembre (Reuters) - Une réunion au niveau ministériel se tiendra mardi à la demande de François Hollande après le violent incident de lundi soir sur le marché de Noël à Nantes, où une dizaine de personnes ont été blessées par un véhicule, comme la veille à Dijon.

Une camionnette a été lancée sur la foule par son conducteur en fin d'après-midi, peu avant 19h00, sur la place Royale de la préfecture de Loire-Atlantique où était installé le marché de Noël.

Selon la préfecture du département, onze personnes ont été blessées dont cinq grièvement, parmi lesquelles le chauffeur du véhicule, touché au thorax après s'être porté des coups de couteau. Le pronostic vital d'une victime serait engagé.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a déclaré à la presse que cet acte était sans doute celui d'un "déséquilibré", selon les premiers éléments d'enquête communiqués par la police judiciaire à son arrivée sur place, peu avant 23h00.

"Il s'agit vraisemblablement, mais l'enquête le confirmera, de l'acte d'un déséquilibré", a dit Bernard Cazeneuve à la presse. "L'acte de ce soir n'est pas un acte qui a un fondement politique, qui résulte d'une visée terroriste, qui aurait une inspiration de radicalité religieuse."

Cette évaluation distingue cet acte de celui de Joué-les-Tours, où un homme a agressé trois policiers samedi dans un commissariat avant d'être abattu. Il renvoie en revanche à l'agression de dimanche à Dijon, où un homme a fait 13 blessés au volant de sa voiture.

"Ce sont des actes qui sont plus difficiles à prédire que d'autres mais en toutes circonstances l'Etat doit (...) être en situation d'intervenir vite", a dit Bernard Cazeneuve, qui était accompagné de l'ancien Premier ministre et ex-maire de Nantes Jean-Marc Ayrault.

"ACTE ISOLÉ"

Après ces deux incidents en 24 heures, une réunion au niveau ministériel est convoquée mardi matin à Matignon "pour faire le point et voir comment accroître la vigilance des services de l'État face à ces événements", à la demande du président de la République, a-t-on dit à l'Elysée.

Dans un communiqué, le Premier ministre Manuel Valls a appelé au "sang-froid de tous". "Sur chaque drame, la justice doit avancer pour faire toute la lumière. Elle le fera de manière implacable", dit encore le texte de Matignon.

Le procureur de la République de Nantes, Brigitte Lamy, avait déclaré en début de soirée qu'on ne pouvait "pas parler d'acte terroriste", ajoutant qu'il n'y avait pas eu de "revendication religieuse".

Elle avait apporté ces précisions après que des témoins cités par différents médias ont dit avoir entendu le conducteur crier "Allahou Akbar", ce que d'autres personnes interrogées sur place par Reuters avaient démenti.

Le conducteur de la camionnette est originaire de Charente-Maritime, où est immatriculée le véhicule.

Selon le ministère de l'Intérieur, il s'est "porté plusieurs coups de couteau après avoir percuté les passants". Des témoins ont parlé de deux à trois coups de couteau au niveau du thorax mais les détails restaient à éclaircir.

Les faits se sont produits à 18h55 sur la place Royale, située dans la zone piétonne du centre-ville de Nantes. La place a été évacuée et le secteur a été rapidement bouclé par les forces de police.

L'homme est connu des services de police pour des délits mineurs, a encore précisé le procureur Brigitte Lamy, qui a parlé d'un "acte isolé" et n'a pas donné davantage d'informations sur ses motivations dans l'immédiat.

Le scénario rappelle celui des agressions de Dijon, où un homme ayant de lourds antécédents psychiatriques a blessé 13 personnes dimanche soir dans le centre de la ville en les percutant avec sa voiture.

Le parquet a déclaré lundi avoir écarté la piste terroriste en présentant ses premières conclusions sur "le geste d'un déséquilibré". (Avec Gregory Blachier, édité par Nicolas Delame)