par François Revilla

LE PONTET, Vaucluse, 5 juillet (Reuters) - Marion Maréchal-Le Pen a convoqué dimanche les antiennes du Front national, à commencer par l'immigration, pour le lancement de sa campagne pour les élections régionales en Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), où elle espère s'imposer en décembre.

La petite-fille de Jean-Marie Le Pen, adoubée par son grand-père et qui avait un temps craint que l'hostilité entre ce dernier et Marine Le Pen vienne perturber sa candidature, a ouvert, a tenu son premier meeting dans son fief du Vaucluse.

La députée du département avait réuni environ 2.000 personnes à l'hippodrome du Pontet, près d'Avignon, où le FN Joris Hébrard a été élu maire au premier tour en mai dernier avec 59,43% des voix lors d'une élection partielle, après l'invalidation de sa victoire en mars 2014.

Pour cette première sortie, elle a repris les thèmes traditionnels du FN dans une région qui est l'un des bastions du parti. Immigration et sécurité, chevaux de bataille de Jean-Marie Le Pen, ont été au coeur de son discours de vingt minutes.

"Nous ne voulons pas de la Paca black-blanc-beur, mais de la Paca bleu-blanc-rouge", a dit la députée de 25 ans, qui sera tête de liste dans le Vaucluse. "Il est hors de question que notre région passe de la Riviera à la favela."

Face à l'afflux de migrants à la frontière italienne, elle a dénoncé "le remplacement continu d'une population par une autre qui apporte avec elle ses valeurs, sa culture et sa religion".

"Des femmes de nationalité française se voilent, se cachent pour mieux nous cracher au visage", a dit Marion Maréchal-Le Pen. "C'est dans ce pays des femmes, du génie, qu'une idéologie totalitaire, haineuse, l'islamisme, prospère", a-t-elle ajouté.

"LE NI-FN" INVENTÉ

"(Mohamed) Merah, (Saïd et Chérif) Kouachi, (Amédy) Coulibaly et (Yassin) Salhi sont les enfants du regroupement familial, du droit du sol, de la repentance anti-française, de l'abandon de l'exigence d'assimilation au profit de la société multiculturelle", a-t-elle poursuivi, citant les auteurs avérés ou présumés des attentats dans le Sud-ouest en 2012, de janvier dans la région parisienne et encore en Isère il y a dix jours.

La petite fille de Jean-Marie Le Pen est l'une des figures montantes d'un Front national qui tente depuis quelques années de se normaliser sous la direction de Marine Le Pen et dit aujourd'hui espérer gagner dans deux régions, le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, où sa présidente sera candidate, et Paca.

Dans l'une des régions qui compte le plus d'immigrés, avec l'Ile-de-France et l'Alsace, la candidate du Front national a davantage évoqué ces sujets que l'économie, alors que Paca est aussi la troisième région de France en termes de chômage.

Elle ambitionne d'y succéder au socialiste Michel Vauzelle qui ne se représente pas après avoir effectué trois mandats. Ses deux principaux adversaires seront le maire Les Républicains de Nice, Christian Estrosi, et le député PS Christophe Castaner, peu connu.

Nicolas Sarkozy, président des Républicains, a dit jeudi s'être engagé dans "une bagarre à mort" avec le FN, alors qu'un sondage Ifop-Fiducial pour Paris Match publié mercredi place Marion Maréchal-Le Pen en tête au premier tour avec 32% des voix contre 29% à Christian Estrosi.

Dimanche, la candidate FN a dénoncé "l'agressivité incroyable de Nicolas Sarkozy qui nous déclare une guerre à mort, une haine dont il épargne les socialistes pour mieux négocier demain des accords de désistement".

"Adieu donc le ni-ni, avec la montée spectaculaire de notre parti, l'ancien président inaugure le ni-FN", a-t-elle estimé.

Lors des élections départementales de mars, l'ex-UMP avait refusé le "front républicain" et n'avait pas appelé à voter pour la gauche en cas de duel avec le FN, ni à se désister lorsqu'un candidat FN pouvait tirer parti d'une triangulaire.

(Edité par Gregory Blachier)