PARIS, 7 février (Reuters) - François Hollande a rendu visite mardi au jeune homme hospitalisé depuis une arrestation violente par la police à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), a-t-on appris auprès de l'entourage du président.

L'incident, qui s'est produit jeudi dernier, a provoqué trois soirées de heurts dans la commune, notamment dans la nuit de lundi à mardi au cours de laquelle des membres des forces de l'ordre ont effectué des tirs de sommation à balles réelles.

Les quatre policiers présents au moment de l'arrestation du jeune homme, Théo, ont été mis en examen dimanche, l'un pour viol, les trois autres pour violences volontaires.

François Hollande a souligné, lors de sa visite à l'hôpital Robert-Ballanger d'Aulnay-sous-Bois, que "la justice est saisie, qu'il faut lui faire confiance, qu'elle va aller jusqu'au bout et a commencé à prendre des décisions".

Le Premier ministre, Bernard Cazeneuve, et le ministre de l'Intérieur, Bruno Le Roux, ont par ailleurs insisté sur le "devoir d'exemplarité" auquel sont tenues les forces de l'ordre.

Les policiers "doivent être à chaque instant absolument exemplaires", a déclaré Bernard Cazeneuve à des journalistes à l'Assemblée nationale.

Lors de la séance de questions au gouvernement devant les députés, Bruno Le Roux a quant à lui parlé de faits d'une "gravité évidente".

"J'ai (...) procédé à la suspension de ces quatre policiers sans attendre. De la même façon, je veux appeler à leur devoir d'exemplarité tous les fonctionnaires de police et de gendarmerie", a-t-il dit.

Le parquet de Bobigny a fait savoir dimanche que l'homme interpellé jeudi s'était plaint à son arrivée au commissariat "de douleurs importantes l'empêchant de s'asseoir" et "qu'il présentait des blessures au niveau du visage et du crâne, mais surtout au niveau du rectum".

Le jeune homme affirme avoir subi un viol au moyen d'une matraque.

Le syndicat Alternative Police-CFDT a condamné, par communiqué, "les positions de ceux, à gauche comme à droite, (qui) se permettent de porter un jugement hâtif sans connaître les tenants et les aboutissants de l'enquête".

L'incident de jeudi a soulevé une vague d'émotion à Aulnay-sous-Bois, en particulier dans le quartier sensible de la Rose-des-vents.

Durant la nuit de lundi à mardi, 26 personnes ont été interpellées, six poubelles et cinq véhicules incendiés et deux magasins ont subi des dégradations, selon un bilan donné par la préfecture de police.

Toujours selon les autorités, des policiers qui se trouvaient "encerclés" ont tiré en l'air à balles réelles pour repousser un attroupement. (Elizabeth Pineau et Simon Carraud avec pool à l'hôpital d'Aulnay-sous-Bois, édité par Yves Clarisse)