LA GARDE/MARSEILLE 27 octobre (Reuters) - Alain Juppé et Nicolas Sarkozy ont bataillé à distance jeudi dans le Sud de la France, le premier affirmant la nécessité d'accueillir tous les centristes et les déçus du socialisme pour remporter l'élection présidentielle tandis que le second dénonçait une compromission.

A La Garde (Var), sur des terres habituellement acquises à Nicolas Sarkozy et convoitées par le Front national, Alain Juppé s'est présenté comme le candidat du rassemblement pour la primaire visant à désigner le candidat de la droite.

"Nous ne gagnerons pas en nous repliant sur nous-mêmes", a-t-il dit, une allusion aux critiques formulées à son endroit par Nicolas Sarkozy, dont il n'a jamais cité le nom.

"Il faut rassembler la droite humaniste et le centre, il faut rassembler aussi les déçus du Hollandisme", a ajouté l'ancien Premier ministre.

En tête dans les sondage, il s'est dit prêt à accueillir les électeurs du Front national, dans un département où ce parti réalise traditionnellement ses meilleurs scores électoraux.

"Je leur dit : revenez et ouvrez les yeux. C'est cela aussi le rassemblement", a-t-il déclaré.

Répondant à des moqueries du camp Sarkozy, Alain Juppé a assuré : "Je ne suis pas un naïf ou un bisounours". "Je reçois beaucoup de noms d'oiseaux en ce moment, c'est normal, je suis en tête", a-t-il souligné.

A Marseille, Nicolas Sarkozy a une nouvelle fois critiqué le favori des sondages, sans le nommer.

"Si on veut se faire élire avec les voix de la gauche, c'est parce que l'on se prépare à donner des gages à la gauche. Quand on fait de l'ambiguïté sa stratégie électorale, c'est pour mettre en oeuvre une politique ambiguë. L'ambiguïté, le mensonge, la compromission, les compromis, ça fait cinq ans avec François Hollande qu'on les subit", a dit l'ancien chef de l'Etat.

"Si vous voulez une politique de gauche, ne votez pas pour moi car je ne ferai pas une politique de gauche. Je ne veux pas d'une alternance molle", a-t-il juré.

Devancé par Alain Juppé dans les sondages pour la primaire comme pour la présidentielle, Nicolas Sarkozy a attaqué François Bayrou, président du Modem et soutien d'Alain Juppé.

"Il a voté pour Hollande, il nous a fait entrer dans le socialisme, ce n'est pas lui qui va nous en faire sortir. Si je suis désigné candidat de la droite et du centre, je ne passerai pas d'accord avec François Bayrou", a-t-il dit.

Alain Juppé était lui aussi en visite jeudi à Marseille. Il devait initialement tenir son meeting dans cette ville mais a choisi La Garde, près de Toulon, lorsque Nicolas Sarkozy a annoncé sa venue à Marseille. (Jean-François Rosnoblet à La Garde et Marc Leras à Marseille, édité par Jean-Baptiste Vey)