* Déficit 2013 réduit de 398 millions à l'Assemblée

* L'opposition dénonce un "gourdin fiscal"

* La partie dépenses examinée à partir du 31 octobre (Actualisé avec citations, mesures et contexte)

par Emile Picy

PARIS, 23 octobre (Reuters) - Les députés français ont adopté mardi par 319 voix contre 223 la première partie du projet de loi de finances pour 2013, celle des recettes.

Les groupes PS, radicaux de gauche et Écologiste ont voté pour. Le groupe du Front de gauche s'est abstenu et l'opposition UMP et UDI (centriste) a voté contre.

A l'issue de cet examen, le déficit prévisionnel de l'Etat pour 2013 s'établit à 61,237 milliards d'euros contre 61,635 milliards dans le projet de loi initial, soit une réduction de 398 millions d'euros.

Ce déficit est attendu à 83,6 milliards d'euros en 2012.

"Ce budget est remarquablement construit, pertinent, juste et bien calibré", s'est félicité le député socialiste Pierre-Alain Muet. "En faisant porter l'effort sur les revenus les plus élevés, il rétablit la justice fiscale mais préserve aussi la consommation et la croissance."

Le président du groupe UMP, Christian Jacob, a au contraire estimé que "cette partie 'recettes' se caractérise par le mensonge, le matraquage fiscal de toutes les catégories sociales et un manque de cap".

"Ce budget n'a ni queue, ni tête. C'est un gourdin fiscal qui nous conduit à la récession, à la destruction d'entreprises et à l'explosion du chômage", a déclaré Jean-Christophe Lagarde, le président du groupe UDI (centriste).

MISSION QUASI IMPOSSIBLE

Le gouvernement veut ramener le déficit public de 4,5% du produit intérieur brut fin 2012 à 3% fin 2013 en relevant les impôts des entreprises de 10 milliards d'euros, ceux des particuliers de 10 milliards et en réalisant 10 milliards d'euros d'économies l'an prochain.

Selon les économistes, une réduction aussi importante du déficit est quasi impossible en raison d'une croissance économique atone et qui sera probablement inférieure l'an prochain à la prévision du gouvernement (+0,8%).

Vingt-neuf économistes interrogés par Reuters prévoient ainsi en moyenne une croissance de 0,3% en 2013 et un déficit public à 3,5% du PIB. (voir )

Parmi les mesures phares de ce projet de budget figurent la contribution exceptionnelle de solidarité de 75% sur la fraction de revenus d'activité professionnelle supérieure à un million d'euros et la création d'une tranche à 45% de l'impôt sur le revenu.

Le texte modifie d'autre part le barème de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en abrogeant les assouplissements votés par la précédente majorité, relevant ainsi les taux d'imposition des plus gros patrimoines.

Contre l'avis du gouvernement, un amendement du groupe écologiste a été adopté qui interdit à une même personne de faire plusieurs dons de 7.500 euros à des partis politiques différents.

En revanche, le gouvernement a obtenu le rejet de l'amendement du rapporteur général de la commission des finances, Christian Eckert (PS), qui visait à assujettir les oeuvres d'art d'une valeur de plus de 50.000 euros à l'ISF.

Aprés ce vote, les députés ont commencé l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2013.

Ils engageront le 31 octobre, pour une durée de deux semaines, l'examen de la seconde partie du projet de budget, celle des dépenses.

Après un vote solennel des députés sur l'ensemble du texte à la mi-novembre, ce sera au tour du Sénat d'engager son "marathon" budgétaire, le vote définitif par le Parlement étant prévu vers le 20 décembre.

L'Assemblée s'était auparavant prononcée sur le projet de loi de programmation des finances publiques 2012-2017.

Les groupes UMP et UDI avaient voté contre, les groupes PS, Ecologiste et des radicaux de gauche avaient voté pour, et les élus du Front de gauche avaient voté contre, estimant que ce texte était la conséquence du traité budgétaire européen qu'ils dénoncent. (édité par Jean-Baptiste Vey)